Canicule ou sécheresse: l'eau manquera dans le canton
Plus d'une commune fribourgeoise sur trois n'a pas assez de réserves d'eau pour faire face à des épisodes de fortes chaleurs.
Neyruz, Belmont-Broye, Villorsonnens ou encore La Roche: voici quelques exemples de communes fribourgeoises qui ont des ressources d'eau limitées. Et il y en a beaucoup d'autres. Selon un rapport que nous avons consulté, plus d'un distributeur d'eau fribourgeois sur trois est confronté à cet enjeu. Et si la Confédération durcit les règles concernant le chlorothalonil, c'est carrément plus de la moitié des distributeurs qui seraient concernés par un déficit d'eau en cas de fortes chaleurs.
En temps normal, les habitants n'ont pas de souci à se faire. Mais en cas de sécheresse ou de canicule, la situation deviendra vite problématique et les communes pourraient devoir imposer des restrictions d'eau.
Et si l'enjeu est si important, c'est que ces épisodes de canicules ou de sécheresses seront toujours plus fréquents à l'avenir. Eric Mennel est le chef de la protection des eaux à l'Etat de Fribourg.
Il y a une vingtaine d'années, les sécheresses c'était tous les 3, 4, 5 ans. Maintenant quasiment chaque année ou chaque deux ans, on a des épisodes de sécheresse. Et ils sont plus longs
Pour faire face à ce défi, l'une des solutions consiste à renforcer les connections entre les différents réseaux, car globalement, le canton de Fribourg a suffisamment de ressources en eau. L'Etat envisage donc de créer à l'avenir quatre grandes régions pour la gestion de l'eau potable.
Des captages cruciaux à protéger
Le rapport de l'Etat de Fribourg souligne également que le canton est mal préparé aux pollutions des eaux. La sécurité d'approvisionnement est lacunaire pour plus d'un tiers des distributeurs. À nouveau, ce nombre augmenterait drastiquement, si les règles concernant les métabolites de chlorothalonil venaient à se durcir à l'avenir.
Là encore, l'une des solutions consiste à connecter les réseaux d'eau. En cas de pollution de la source principale d'une commune, cette dernière peut alors s'alimenter auprès d'un réseau d'eau voisin.
Le canton de Fribourg souhaite aussi renforcer la protection des captages, notamment les plus importants. Aujourd'hui, 70% de l'eau potable du canton provient de seulement 15 captages. Ils seront donc classés comme "captages stratégiques" et certaines activités pourraient être interdites dans les zones entourant ces réserves d'eau cruciales pour l'approvisionnement du canton.
L'Etat avance plusieurs autres pistes pour que l'or bleu ne manque pas à l'avenir, comme l'augmentation des capacités de traitement de l’eau, notamment celle puisée dans les lacs, ou encore les incitations, à l'adresse des industries et des ménages, à économiser cette ressource qui deviendra de plus rare ces prochaines années.