Césariennes douces, prendre le temps de bien mettre au monde

Depuis 2020, l'Hôpital fribourgeois (HFR) propose aux femmes dont l'accouchement présente des risques, de procéder à une césarienne douce.

Dès que le bébé est né, sa mère peut le prendre contre sa poitrine. (Image d'illustration) © KEYSTONE / Christian Beutler

La césarienne est une opération chirurgicale qui intervient si l'accouchement naturel s'avère trop dangereux pour la mère ou l'enfant. Elle se pratique, par exemple, si le bébé est en position de siège, c'est-à-dire si ce sont les pieds ou les fesses qui se présentent à la place de la tête. Pour ce faire, les médecins incisent la paroi abdominale et utérine pour extraire le nouveau-né.

Il existe deux sortes de césariennes dites "classiques": celle qui est prévue lorsqu'un problème a pu être détecté en amont de l'accouchement, et celle d'urgence, où l'on se rend compte durant les contractions que l'accouchement ne pourra pas se dérouler comme prévu.

Dans tous les cas, c'est une opération qui peut s'avérer très éprouvante pour la maman, car elle ne peut pas garder son enfant contre elle après sa naissance. Ce dernier doit être immédiatement pris en charge par les médecins. Elle n'est non plus pas accompagnée par son ou sa partenaire puisque l'accès au bloc opératoire est restreint.

Quelle est la différence?

Dans la pratique chirurgicale, rien ne change entre une césarienne classique et une césarienne douce. C'est tout ce qui entoure l'opération qui fait la différence. Tout d'abord, la maman pourra être accompagnée durant toute la durée du processus, jusque dans la salle d'opération. Pour rendre ce moment plus doux, il est aussi possible d'adapter la luminosité de la pièce et de mettre de la musique choisie par la famille.

Mais la différence la plus importante est que la mère peut accueillir son bébé sur sa poitrine tout de suite après la naissance, car la césarienne douce ne peut se faire que pour les femmes qui ne présentent aucun autre problème que la position du fœtus. L'opération est donc organisée et une équipe complète de sages-femmes, d'anesthésistes et de pédiatres est mise sur pied.

Pour Elia Cinzia, sage-femme et responsable de la salle d'accouchement à l'HFR, cette méthode permet surtout de redonner un peu d'intimité aux familles lors de ces instants exceptionnels. "Cela fait des années qu'on parle de blocs opératoires et d'anesthésies. On oublie qu'au fond, une césarienne est une naissance, une rencontre entre les parents et l'enfant."

Pas une solution de facilité

Avec un tel programme d'accompagnement, d'aucuns pourraient penser qu'il s'agit là de l'accouchement dont rêvent toutes les mamans. Mais Elia Cinzia précise qu'une césarienne, même douce, reste une opération chirurgicale, avec tout ce que cela comporte de déplaisant. C'est pourquoi l'HFR n'a souhaité faire aucune publicité à ce sujet, de peur que cela apparaisse comme une solution de facilité dans l'esprit collectif.

Par ailleurs, Elia Cinzia préfère utiliser le terme de "césarienne centrée sur la famille", car si tout est aménagé pour que les parents se sentent le plus à l'aise possible, difficile de faire de même pour l'enfant. "Lors de cette opération, le bébé va sortir du ventre de sa mère de façon bien plus abrupte que si on lui laissait le temps de naître de manière naturelle," confie la sage-femme.

D'après Elia Cinzia, l'agencement des césariennes douces n'a nécessité aucun coût ou engagement supplémentaire au sein de l'HFR. En 2022, un quart des césariennes prévues a pu être réalisé de cette manière, ce qui correspond à 35 opérations. Au total, 1037 bébés sont nés à l''HFR l'an dernier. Les sages-femmes du centre hospitalier espèrent que le nombre de césariennes douces grandira dans les années à venir.

Frapp - Dimitri Faravel
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