Cet éleveur gâte ses bovins avec du chocolat Villars
Du chocolat dans l'alimentation des bovins? C'est le pari un peu fou de Romain Sahli, un éleveur de vaches à viande originaire d'Ependes.
A Ependes, Romain Sahli bouscule les codes de l'élevage bovin dans sa petite exploitation familiale. Comment? En donnant du chocolat Villars à ses vaches à viande. L'éleveur de 34 ans s'occupe d'une quarantaine de Black Angus, une race reconnue pour la qualité de sa viande, et chaque jour, elles mangent jusqu'à 1 kilo de chocolat.
Cette idée n'est pas née de nulle part. Romain Sahli s'est inspiré de son oncle, qui utilisait déjà ce complément pour ses vaches laitières. Intrigué, il décide d'adapter le concept à la production de viande. "Je voulais me démarquer", précise l'éleveur, membre d'IP-Suisse. "Je me suis renseigné auprès d'Agroscope pour savoir si c'était autorisé et non nocif pour les bêtes. Ils m'ont répondu favorablement. Je devais juste respecter les doses de 2 kilos au maximum pour des bêtes de 600 kilos." Cela fait maintenant depuis 2018 qu'il a créé sa marque "Swiss Choc Beef" et qu'il propose sa viande en vente directe à la ferme.
Une question de maturation
Le chocolat est broyé en petits morceaux et mélangé avec des barres céréalières type Ovomaltine, du tourteau de colza et de caméline, une plante riche en Oméga 3. Les animaux apprécient particulièrement ce petit plaisir quotidien. Si les veaux sont d'abord perplexes face à cette nouveauté, "dès qu'ils l'ont goûtée, c'est comme nous avec le sucre, ils le dévorent", rigole l'éleveur.
La première question qui vient à l'esprit est souvent la même: la viande a-t-elle le goût de chocolat? "Non, pas du tout", répond Romain Sahli. L'objectif est ailleurs. Le sucre contenu dans le chocolat est un apport énergétique qui favorise le développement d'une fine couche de graisse sur la carcasse, explique le Fribourgeois. Celle-ci permet notamment d’avoir moins de perte lorsque la viande est maturée longtemps en chambre froide.
Quant à la collaboration avec Villars, elle s'est faite grâce à l'oncle de l'éleveur, qui achetait déjà ses compléments à la chocolaterie fribourgeoise. Romain Sahli récupère les lots qui ne peuvent être recyclés ou vendus dans les circuits traditionnels en raison de problèmes lors de la fabrication. Chaque mois, ce sont entre 500 et 700 kilos de chocolat qui trouvent ainsi une seconde vie. Ce système permet aussi au Sarinois d'économiser un peu: son mélange de chocolat et de céréales lui coûte un peu moins cher au kilo que du fourrage classique.