Excédent de lait: d’autres solutions que l’abattage existent

Face à la surproduction et à la baisse des exportations, les éleveurs fribourgeois de vaches laitières ont des alternatives à l’abattage.

La Suisse compte un demi-million de vaches laitières. En temps normal, 85'000 d'entre elles sont abattues chaque année. © KEYSTONE

Près de 25'000 vaches supplémentaires, sur une moyenne annuelle de 85'000 dans toute la Suisse, devraient prochainement être abattues. C’est ce qu’a révélé plus tôt cette semaine la NZZ, en s’appuyant sur les chiffres de l’Interprofession du lait. En cause: la hausse des droits de douane américains, qui fait chuter les exportations de lait et provoque un surplus dans les stocks. Les éleveurs envisageraient ainsi de réduire leurs troupeaux pour éviter des pertes financières.

André Brodard, directeur de la Fédération des sociétés fribourgeoises de laiterie, confirme qu’il y a effectivement un excédent de lait cette année. "Quand la production déborde, garder trop d’animaux devient trop cher pour les éleveurs", explique-t-il.

Il refuse toutefois de parler d’un abattage massif. Pour lui, "Le chiffre de 25'000, c’est une surestimation". Les éleveurs fribourgeois n’envoient pas systématiquement leur bétail à l’abattoir. "Il existe d’autres solutions", précise-t-il.

Des vaches "en leasing"

Parmi ces alternatives: transformer le surplus de lait en crème ou en beurre, mais les stocks sont aussi pleins actuellement. Certains agriculteurs envoient aussi des vaches "en leasing" à l’alpage, d’autres les engraissent eux-mêmes avant de les vendre à la boucherie, une solution néanmoins coûteuse. Enfin, quelques producteurs préfèrent vendre leurs bêtes à des acheteurs suisses, qui fabriquent d’autres types de fromages que le Gruyère AOP.

Impossible, en revanche, de savoir combien de vaches partiront à l’abattoir dans le canton à cause de la situation commerciale avec les États-Unis. Selon plusieurs éleveurs fribourgeois, la pression se fait surtout sentir dans les petites exploitations livrant directement à la laiterie.

La plupart des producteurs laitiers du canton sont plutôt affiliés à de grandes entreprises comme Cremo, Gruyère AOP ou ELSA. Mais c'est un fait, les exportations vers les États-Unis souffrent: celles du Gruyère AOP ont reculé de 12% entre janvier et août, indique Olivier Isler, directeur de l’Interprofession du Gruyère. "Mais le volume de ventes totales reste stable, soutenu par une forte demande sur le marché suisse".

Ainsi, les éleveurs liés à ces grandes structures ne sont pas les plus touchés par la nécessité de réduire leurs troupeaux, estiment plusieurs agriculteurs fribourgeois du secteur.

RadioFr. - Yann Girard
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