Salavaux: plus de 30 chalets menacés de disparition
Les propriétaires de chalets ont appris que leur contrat de location ne serait pas reconduit. La commune et les propriétaires réagissent.

Leur chalet de vacances ne sera bientôt plus qu’un souvenir… Cet automne, les propriétaires des chalets situés à Salavaux ont reçu un courrier qui a fait l’effet d’un coup de massue. Le canton de Vaud y annonce que le contrat de superficie, qui leur permettait d’occuper ces parcelles, ne sera pas renouvelé et prendra fin au 31 décembre prochain. Le terrain devra alors "être intégralement libéré et remis en état" entre mars et avril 2026. Autrement dit, environ une trentaine de chalets du secteur du "Chablais", à Salavaux, seront détruits.
"Je suis très touché… J’ai des photos de moi à trois ans au bord du lac avec mon papa. J’ai grandi en pêchant, jouant dans l’eau, dormant au chalet. Mon père l’avait acheté dans les années 50 et me l’a transmis. Je voulais faire la même chose avec mes enfants… Mais avec cette annonce, tout s’écroule. Ça me déchire le cœur", raconte Peter Pfister, héritier du chalet familial.

La plupart des propriétaires n’y vivent que durant la belle saison. Mais il existe quelques exceptions. "L’un de mes voisins a investi tout son capital retraite pour quitter Berne et vivre à l’année dans son chalet… Et avec cette annonce, il ne sait plus où aller", ajoute Peter Pfister.
28 terrains de football
Est-ce que le canton se soucie des locataires du terrain? La question reste en suspens. Mais il justifie sa décision: la parcelle de Salavaux où se trouve les chalets se situe, en partie, en zone forestière. Elle représente 20 hectares, soit l’équivalent de 28 terrains de football. Les constructions doivent donc respecter la loi fédérale sur les forêts, qui impose notamment une gestion durable des espaces boisés.
De plus, cette zone a été classée en 2001 comme réserve nationale pour les oiseaux d’eau et migrateurs. Selon le canton, il aurait fallu à l’époque déposer une demande de défrichement définitif, puis procéder à un changement d’affectation du terrain pour que les chalets puissent rester. Cela n’a jamais été fait, selon l'Etat de Vaud. Or, la loi interdit désormais tout défrichement, sauf si l’intérêt du projet prime sur la protection de la forêt et des oiseaux. Ici, ce n’est pas le cas.
Lenteur administrative
Pourquoi cette nouvelle est-elle arrivée si tard? C’est aussi la question que se posent les propriétaires et la commune de Vully-les-Lacs (où se trouve Salavaux). En début d’année, Peter Pfister avait écrit au canton pour savoir si son bail serait reconduit. Trois mois plus tard, il reçoit une réponse indiquant que son dossier était "en cours d'examen". Puis, le 13 octobre, la décision finale tombe.
"Nous avons discuté à plusieurs reprises avec la Direction générale de l’environnement lors de rencontres pour d’autres dossiers. Nous leur avions demandé d’informer rapidement les habitants, pour qu’ils sachent à quelle sauce ils allaient être mangés. Finalement, les procédures ont traîné… C’est incompréhensible", déplore Michel Verdon, syndic de la commune de Vully-les-Lacs.
Dans son dernier courrier, le canton reconnaît que l’échéance est serrée et propose une solution transitoire: un bail de sept ans non renouvelable, avec loyer réajusté, sous condition de remettre le terrain en ordre. "Nous allons tous signer ce bail, nous y sommes contraints. Mais nous nous sommes regroupés et avons mandaté un avocat pour sauver nos chalets", explique l'héritier du chalet.
De 1'500 à 2'000 francs la location
Les propriétaires savaient-ils que leur contrat pouvait sauter? Dans les faits, oui. Mais toutes les mesures du canton semblaient indiquer le contraire. Dans les années 1960, le canton a exigé que les chalets soient déplacés vers les terres, et cela a été fait. Des constructions légères autour des chalets ont également été autorisées. Encore récemment, certains ont reçu des subventions pour installer des panneaux photovoltaïques sur leur toit, selon Peter Pfister.
"On a l’impression qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis (rires). Nous payons environ 1'500 à 2'000 francs par an pour cette location... c'est un revenu pour les caisses de l’État, alors qu'elles ne sont pas en forme en ce moment", conclut-il.

