Burnout: "ça touche les personnes dévouées au travail"

Le burnout touche de plus en plus de personnes. Christoph Salathé, responsable des urgences psychiatriques au RFSM est l'invité de la semaine.

Le burnout n'est pas encore officiellement reconnu comme une maladie en tant que telle. © KEYSTONE/Frapp

Selon l'Observatoire suisse de la santé, 30% de la population se sent émotionnellement épuisée. Une table ronde a lieu ce jeudi soir à Riaz. Christophe Salathé, psychiatre et responsable des urgences psychiatriques au réseau fribourgeois de santé mentale, participe à cette table ronde. Il nous parle du burnout et de ses symptômes.

Radio Fribourg: "Le burnout n'est pas encore officiellement reconnu comme une maladie en tant que telle. Comment on peut l'expliquer?"

Christoph Salathé: Toutes les personnes épuisées ne sont pas en burnout. Le burnout est une forme sévère d'épuisement. Les diagnostics sont définis par l'OMS, lors de la dernière mise à jour, ça n'a pas été pris en considération comme un diagnostic suffisamment important et clair pour être reconnu dans les catalogues officiels. Néanmoins, ça reste une problématique fréquente quand même, surtout dans nos sociétés industrialisées.

On connaît tous quelqu'un, un proche, un ami, un collègue, qui est passé par le burnout. Est-ce une fatalité?

Non, nous n'allons pas tous y passer, heureusement. Ça touche davantage les personnes très dévouées au travail, souvent très exigeantes avec elles-mêmes. Mais même si on se dévoue énormément, on ne va pas nécessairement vers cette perspective. Il faut respecter un rythme d'équilibre entre repos et activité au travail qui nous permettra de rester en bonne santé.

Qu'est-ce qui nous fait passer vers le burnout?

Différents facteurs stressent les personnes. La charge de travail, effectivement, mais c'est aussi moins de capacité à prendre des décisions, moins d'espace pour prendre des décisions. Ça peut être aussi des managers durs, eux aussi stressés, qui transmettent cette pression aux collaborateurs. Les psychologues du travail ont identifié plusieurs facteurs, qui sont plutôt en augmentation progressive ces vingt dernières années.

Quels sont les signes qui montrent que là, ça va trop loin?

Lorsque l'épuisement augmente le soir, si on a de la peine à se reposer le week-end, de la peine à rencontrer des clients. On devient peu empathique, un peu abruti, si j'ose dire, désintéressé, tout le temps épuisé. Il y a aussi des symptômes physiques qui émergent, comme le mal de dos, les troubles digestifs. Tout cela sont des signes d'alerte que la personne se dirige vers un burnout.

Et une fois que le diagnostic est posé, comment se relever?

Si un burnout s'est installé, donc la personne a des symptômes physiques, avec un épuisement intellectuel, émotionnel, souvent, il faut un repos d'une à deux semaines, pour récupérer physiquement. Ensuite, il faut être accompagné par un psychologue pour trouver des stratégies qui réduisent le stress et ce dénouement total au travail, pour que la personne puisse garder de la distance et moins s'épuiser.

Ecoutez l'interview complète:

RadioFr. - Vincent Dousse / Adaptation web: Mattia Pillonel
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