Les Suisses ont voté avec leur porte-monnaie

En rejetant la loi sur le CO2, les Suisses ont voté avec leur porte-monnaie, note la presse lundi.

Les arguments économiques avancés par les opposants à la loi sur le CO2 ont convaincu une majorité de citoyens, en particulier dans les régions périphériques où la voiture est indispensable, notent plusieurs médias (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

"Les Suisses ont mal au porte-monnaie et sans doute bien davantage que les politiques ont pu le penser", écrit le Nouvelliste. Et d'ajouter que le slogan de l'UDC "Avant la fin du monde, la fin du mois", est devenu un parfait résumé de la réalité que semblent vivre les citoyens.

"Ce sont surtout les instruments choisis, perçus comme une menace sur les finances des ménages, qui n’ont pas séduit les citoyens", abonde Arcinfo. La Tribune de Genève et 24 heures soulignent également que "la population vote avant tout avec le porte-monnaie" et elle veut "des solutions pratiques et adaptées à différents lieux et modes de vie".

Une majorité de la population a refusé d'être pénalisée parce qu'elle habite dans une commune mal desservie par les transports publics ou parce qu'elle se chauffe au mazout, fait écho La Liberté.

Fossé villes-campagnes

Le journal fribourgeois relève qu'en ayant su dévier le débat de l'urgence climatique vers les implications financières, l'UDC, seul parti opposé à la loi, a engrangé un "succès retentissant". Le Quotidien Jurassien souligne également "l'adroite campagne" menée par les opposants qui a conduit au "non" du peuple, "effrayé par l'épouvantail des taxes plutôt que séduit par les incitations financières récompensant les comportements respectueux du climat".

A l'instar d'autres médias, Le Temps pointe le "profond fossé" que la votation a creusé entre "les campagnes, qui ont eu le sentiment de payer l'essentiel de la facture, et les villes".

Pour le journal lémanique, le monde paysan, ulcéré par des attaques qu'il a perçues comme visant son travail, "a fait de la loi sur le CO2 la victime collatérale des initiatives anti-pesticides". La mobilisation du milieu paysan et des zones rurales, échaudés par une campagne sur les pesticides particulièrement tendue, a pesé lourd dans la balance, abonde Arcinfo.

Pour la RTS Radio, "cet échec est aussi une remise en cause du principe des taxes d'incitation qui s'attaquent directement à des manières de vivre, précisément différentes en ville et à la campagne".

De nouveaux instruments, rapidement

Il faudra donc tenir compte "de la Suisse des champs" pour ficeler un nouveau paquet, ajoute-t-elle. Et il en faudra un rapidement, soulignent plusieurs médias, rappelant que la Suisse a signé l'Accord de Paris, s'engageant à réduire ses émissions de CO2 d'au moins 50% d'ici 2030.

Pour ce faire, de nouveaux instruments devront être élaborés. Les citoyens ayant montré qu'ils n'avaient pas l'intention d'assumer seuls les coûts de la politique climatique, il faudra certainement élargir le cercle des taxés à l'industrie, avance le Nouvelliste. Pour 24 heures et la Tribune de Genève, il s'agira de trouver "une construction plus simple", la "logique des petits pots - une taxe par ci, une redistribution par là", n'ayant pas convaincu.

Les deux journaux ajoutent que, pour ce nouveau compromis, "la droite tient le couteau par le manche" et les grévistes du climat n'auront que peu de poids.

Les référendaires de gauche, qui ont annoncé une nouvelle initiative qui inclut la finance, "vont devoir remonter le courant", écrit pour sa part le Courrier. S'il salue cette volonté, le journal constate que, ce week-end, "l’horloge du compte à rebours climatique a avancé vers la sonnerie d’alerte".

ATS
...