Des cours pour mieux comprendre les Singinois

Les soignantes et soignants du district de la Singine peuvent suivre un cours sur la culture et la langue singinoises. Découverte.

Le dialectologue, Christian Schmutz, a accueilli une dizaine d'élèves pour son cours. © La Télé

Lorsqu’une patiente singinoise se plaint d’avoir "Müeh z’blaase", il faut s’intéresser à sa respiration — et non à sa vessie (que l’on appelle aussi Blase). C’est l’une des nombreuses leçons dispensées lors des cours donnés par Christian Schmutz. En trois heures, réparties sur deux séances, ce dialectologue singinois s’efforce de transmettre les subtilités de la culture et de la langue singinoises à une dizaine de soignantes et soignants, réunis mardi soir au Château Bohème, à Tinterin.

"Si on parle le bon allemand en Singine, tout le monde nous comprend. Mais si on comprend le singinois, c’est un atout pour travailler dans le district", explique Christian Schmutz, tout en précisant que personne ne ressortira totalement bilingue de ces cours.

Comprendre les Singinois

À l’image de la confusion entre vessie et respiration, de nombreuses expressions médicales sont passées en revue avec les élèves présents. Il est aussi question de la culture singinoise. "Les gens ici ne sont pas directs. Il y a plusieurs mots et expressions qui sont plutôt défensifs", souligne Christian Schmutz.

"Pour moi, c’était important de pouvoir utiliser les mots du terroir lorsque j’accompagne des patients. Ça m’aide à les comprendre et à m’intégrer", estime Marylin, active dans les soins palliatifs. "Je travaille dans la région et les patients viennent parfois du cru, du coup, je peux placer quelques mots. C’est aussi pas mal pour eux ", abonde Hugo, médecin assistant à l’HFR de Tavel.

L’exode des germanophones

Organisés par Christian Schmutz et Anja Bohr, médecin adjointe du Service de médecine interne à Tavel, ces cours s’adressent à l’ensemble du personnel médico-soignant actif dans le district. Car si beaucoup de professionnels de la santé ont des bases en bon allemand, rares sont celles et ceux qui parlent le suisse allemand — et encore moins le dialecte singinois. Trouver du personnel qui maîtrise cette langue représente donc un vrai défi pour certains établissements, comme l’Hôpital cantonal.

Mais pour Daniela Lurman-Lange, responsable du plurilinguisme à l’HFR, le défi va au-delà : "On aimerait aussi réussir à les garder", confie-t-elle. "On a beaucoup de patients ou d’employés qui parlent français. Du coup, ces soignants préfèrent partir là où ils peuvent utiliser leur langue maternelle." Un exode partiellement compensé par les cours proposés par l’HFR ou par le duo Christian Schmutz – Anja Bohr.

Le reportage de La Télé:

RadioFr. / La Télé - Léo Martinetti / Benjamin Peiry
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