Des vieilles bouteilles aux objets design
Dans leur atelier à Fribourg, les soeurs Camille et Charlotte Pasquier transforment des contenants en verre en éléments de décoration.

Charlotte, l'aînée, gère la comptabilité, le suivi des ventes et la découpe des goulots. Camille, la cadette, s'occupe du graphisme, de la communication sur les réseaux sociaux et du nettoyage des vieilles bouteilles. Pour le reste, chacune met la main à la pâte et contribue à la fabrication des objets, sortant de l'atelier de Kulô. "Kulô", un mot patois qui signifie culot de bouteille, en clin d'oeil aux origines gruériennes des deux frangines.
Leur aventure a commencé il y a 3 ans. Après des études d'économie et de management pour la première, l'Eikon pour la seconde et quelques années d'une vie professionnelle peu satisfaisante, les Bulloises rêvent de changer de voie. "Il y avait déjà cette envie de devenir indépendante depuis un moment, se souvient Charlotte". Et l'idée de créer un produit dans la décoration, un domaine que les jeunes femmes apprécient. "On a essayé beaucoup de choses, mais de fil en aiguille, c'est la bouteille qui nous est apparue comme une évidence". "Upcyclé" par leurs soins, l'objet récupéré a une seconde vie comme vase, verre, ou encore carafe.
Le projet s'inscrit aussi dans une logique d'économie circulaire et enfin, sans mise de fonds importante, il fallait une matière première peu coûteuse. C'est le cas de ces vieilles bouteilles que les soeurs Pasquier récupèrent gratuitement chez des restaurateurs. Le tout est stocké dans leur atelier du quartier de Pérolles, un sous-sol spartiate, mais suffisamment vaste pour entreposer leur matériel.
Des vases en bouteilles de vodka
Avant le produit fini, il y a plusieurs étapes. D'abord le tri des bouteilles par couleur et par taille, regroupées en fonction de leur usage final: vases, verres, bougies, etc. Camille, l'artiste du binôme, peut laisser libre cours à son imagination "Récemment, on a trouvé des bouteilles bleues qui fonctionnent vraiment bien auprès de la clientèle, parce que ça tape à l'oeil." La preuve avec ces ventes-flash mensuelles qui marchent très fort. Il s'agit de produits réalisés à partir de contenants très spécifiques comme des bouteilles de gin ou vodka.
Mais pour faire de ces dernières des vases épurés et uniques, il faut d'abord vérifier leur état. Pas question en effet d'accomplir tout un travail sur une pièce qui risque de se briser à peine terminée. Charlotte passe alors à la découpe du goulot, avec une scie circulaire diamant, un matériau indispensable pour trancher le verre. La lame est refroidie à l'eau pendant toute la durée de l'opération. "On ne se coupe pas du tout", rassure Charlotte qui prend tout de même quelques précautions: des gants pour ses mains et des pamirs pour ses oreilles, car la machine est très bruyante!
Vient ensuite le polissage de la pièce, là aussi avec un disque de diamant. Puis le nettoyage de la pièce et le desétiquettage, effectués pour le moment au savon et au dissolvant. Mais les soeurs souhaitent à l'avenir investir dans une machine à ultrasons, pour gagner du temps et éviter les produits chimiques.
Une fois la pièce toute propre et brillante, il faut l'emballer et la préparer pour l'expédition. Même les cartons ont été imaginés sur mesure par Camille et Charlotte. Car ce qu'elles préfèrent, c'est évidemment la partie conceptualisation des pièces et marketing. "On est toujours un peu bluffées nous-mêmes du résultat", déclare sans fausse modestie Charlotte. "On ne se rend plus compte que c'est une bouteille".
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