En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin

Du lac à l’assiette, Pierre Schaer et ses fils perpétuent la pêche locale et innovent pour faire vivre leur métier entre tradition et adaptation.

En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
En direct de... la buvette "Chez Popeye" à Cudrefin avec Ilan Page, pêcheur professionnel sur le lac de Morat. © Radio Fribourg
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Friture du lac qui crépite, soleil sur la terrasse et ambiance détendue: voilà ce que propose Ilan Page à la buvette "Chez Popeye", à Cudrefin, au bord du lac de Neuchâtel. Pêcheur professionnel de métier, Ilan est aujourd’hui le seul Romand à avoir obtenu une certification officielle — un diplôme qu’il a passé en Allemagne, faute de CFC pour ce métier en Suisse.

Originaire du Vully, il marche dans les pas de son père, Pierre Schaer — plus connu sous le nom de "Pierre le Pêcheur" — 64 ans, et 40 ans de métier sur le lac de Morat. Il y a cinq ans, père et fils ont racheté la buvette de plage de Cudrefin avec un objectif: mettre en avant le poisson local, notamment la perche et le sandre, pêchés directement dans le lac de Morat.

Ilan Page tient dans sa main son "émiettée du lac de Morat", un produit qu’il a lui-même créé pendant le Covid.

Mais le succès a un revers. "La demande en friture est très forte au restaurant, et il est difficile de suivre... Le lac n’est pas une réserve sans fond. On doit respecter des règles strictes: taille des filets, des prises, période de reproduction...", explique Ilan. Résultat: il leur faut parfois compléter avec du sandre venu de Pologne, deux fois moins cher et disponible en permanence.

Une activité qui ne suffit pas à faire vivre

La vente de poisson local ne suffit pas pour assurer un revenu stable. C’est pourquoi "Pierre le Pêcheur" s’est diversifié très tôt dans le service traiteur, présent dans les manifestations, salons et événements privés. Aujourd’hui, ses deux fils ont repris le flambeau.

"On continue le travail de notre père. On a monté une Sàrl avec mon petit frère Ismaël, qui a rejoint l’aventure il y a un an. Entre le resto et les événements du week-end, on est obligés d’employer une bonne dizaine de personnes, parfois plus", raconte Ilan. Pour compenser le manque à gagner, ils multiplient les idées. Dernière en date: une "Emiettée du lac de Morat" à base de brème commune, un poisson souvent considéré comme peu noble dans la région.

Une pêche à l’aube

Mais pour alimenter tout cela, il faut du poisson. En haute saison, c’est Pierre qui s’en charge, toujours avec la même énergie. Chaque matin, il prépare ses filets, enfile sa combinaison, charge ses bacs à glace et file depuis sa concession à Guévaux — petit hameau à la frontière entre Vaud et Fribourg — vers les eaux du lac de Morat.

"J’ai obtenu mon permis en janvier 1985. À l’époque, on était près d’une dizaine de pêcheurs. Aujourd’hui, on n’est plus que quatre, dont mon fils Ilan…", confie-t-il. Avec son œil expérimenté et son sonar fixé sur le bateau, il connaît les bonnes profondeurs et les coins où le poisson mord.

Pierre Schaer remonte ses filets à l’aide d’un petit moteur thermique fixé à son embarcation.

Chaque remontée de filet réserve son lot de surprises: brochets, perches, sandres, brèmes, palées… Chaque espèce prend une destination différente: vendue à des restaurateurs comme le Murtenhof ou l’Ours à Sugiez, ou cuisinée directement "Chez Popeye".

Un lac qui tient encore le coup

En 2023, les pêcheurs ont sorti 5'243 kg de poisson côté pêcheurs pro fribourgeois et 19'195 kg côté pêcheurs pro vaudois, soit 24'438 kilos au total, selon les chiffres du canton de Vaud.

Les statistiques de pêche de 2023. Source: Etat de Vaud

"Le lac de Morat est l’un des lacs suisses où la pêche se porte encore relativement bien. À Neuchâtel, la situation est plus compliquée, notamment avec la baisse des corégones (palées et bondelles) ces dernières années", explique Manuel Pompini, inspecteur cantonal de la pêche et responsable du domaine faune aquatique et pêche.

RadioFr. - Yann Girard
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