Une motion pour renforcer la musique rejetée
Le Grand Conseil refuse d’améliorer la formation musicale des enseignants, malgré le manque de compétences dénoncé par plusieurs acteurs.
Une motion visant à préserver et améliorer la culture musicale dans les écoles primaires fribourgeoises a été rejetée aujourd’hui par le Grand Conseil. Les deux élus à l’origine de la proposition estiment que les enseignants ne sont pas suffisamment formés, se sentent souvent démunis face à leurs classes, et finissent par se démotiver à enseigner la musique.
À ce niveau scolaire, les enseignants doivent assurer tous les cours, qu’il s’agisse de français, de mathématiques ou de musique. Selon une étude, deux tiers d’entre eux déclarent manquer de compétences musicales.
Le Grand Conseil a suivi l’avis du Conseil d’État, qui juge que la formation actuelle est suffisante et que des spécialistes interviennent déjà assez dans les écoles.
Témoignage d'une enseignante
Grande passionnée de chant et à la tête de plusieurs chorales fribourgeoises, Jocelyne Crausaz, enseignante primaire, adore donner ses cours de musique. Mais elle explique que ce n’est pas le cas de tous les professeurs. "J’ai parfois des stagiaires très démunis, car l’enseignement de la musique est obligatoire, mais la formation ne l’est pas. C’est une incohérence", affirme-t-elle.
Actuellement, un étudiant à la HEP suit une seule année obligatoire de musique, puis cela devient optionnel, et beaucoup ne la choisissent pas. "Ces jeunes n’ont pas les outils nécessaires. Ils nous demandent souvent, durant les stages, des conseils pour structurer leurs leçons, prioriser les contenus et gérer leurs difficultés musicales", ajoute-t-elle.
Motion refusée
Des députés ont donc demandé une modification de la loi pour améliorer l’enseignement musical, notamment par la formation continue et le soutien de spécialistes dans les classes. Mais ce matin, la majorité du Grand Conseil a suivi l’avis du Conseil d’État qui recommandait de refuser la motion.
"On reconnaît l’importance de la musique pour les enfants, mais la motion n’était pas convaincante, car elle demandait d’inscrire un élément dans une loi qui n’existe pas. L’organisation scolaire ne se travaille pas à ce niveau", explique Sylvie Bonvin-Sansonnens, ministre en charge de la formation.
Le député socialiste Grégoire Kubski, l’un des auteurs de la motion, déplore ce refus: "Je suis déçu. Il y avait une réelle opportunité d’utiliser des jeunes musiciens professionnels de la Haute École de Musique pour aider les enseignants. Beaucoup se retrouvent démunis face à leur classe, et ils n’auront pas d’autre solution."
Depuis le 1ᵉʳ août, la Haute École Pédagogique, où sont formés les enseignants, est intégrée à l’Université de Fribourg. Le canton promet de mettre davantage l’accent sur la musique dans le nouveau plan d’études.