Érythréen et passionné de Vacherin

Arrivé en tant que requérant d’asile, Habteab Makele s’est découvert une passion pour le fromage. Rencontre à la laiterie d'Arconciel.

Habteab Makele a été formé durant 4 ans à la laiterie d'Arconciel. © Frapp

"Je viens d’une famille où on élevait des vaches. On faisait des yogourts et du beurre maison, raconte le jeune Érythréen, arrivé en Suisse à 17 ans. Mais ici, j’ai découvert qu’on fabriquait aussi du fromage." Une brosse dans une main et un seau d’eau salée dans l’autre, Habteab Makele parcourt les rangées de meules de vacherin dans la cave de la laiterie d’Arconciel. Il humidifie les fromages qui sont empilés jusqu’au plafond sur de grandes étagères en bois.

Sa passion naît lorsqu’il effectue un stage à la laiterie du Moléson. Il trouve ensuite une place à Arconciel, où il travaille pendant deux ans pour obtenir une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP). Il termine avec la meilleure moyenne de sa classe.

Stéphane Schneuwly, patron de la laiterie, et Habteab Makele (Frapp).

Encouragé par son patron, il enchaîne avec un CFC en deux ans. Les cours théoriques en français sont un challenge pour Habteab, mais il ne craint pas l’effort pour ce qui est de la pratique. "On peut vraiment compter dessus, se réjouit Stéphane Schneuwly, patron de la laiterie. Il est consciencieux dans ce qu’il fait. Il donne de son cœur pour l’entreprise."

Des parrainages pour aider l’intégration

Pendant sa formation, Habteab Makele a pu compter sur l’aide de deux personnes en particulier : Emmanuelle Masseray-Sutter et son mari François. Le couple donnait des cours de français au foyer des Remparts à Fribourg, où était logé Habteab.

Que ce soit pour des jeux ou de l’aide aux devoirs, "il était toujours là", nous assure Emmanuelle. Les deux Fribourgeois tissent des liens avec le jeune requérant d’asile. Ils décident alors de le parrainer à travers l’association ParMl, un groupe favorisant les contacts entre les habitants du canton et les jeunes migrants non accompagnés.

Emmanuelle et François s’engagent à rencontrer Habteab régulièrement. Ils partagent des repas, discutent et l’aide à s’y retrouver dans les démarches administratives. Ils ont pu observer comment son intérêt pour les produits laitiers s’est développé.

"Avant même de commencer son apprentissage, il avait dû faire un travail de fin de formation et il a directement choisi comme sujet le fromage, se remémore Emmanuelle. Il aurait pu prendre n’importe quel sujet, mais il a choisi celui-là." Aujourd’hui, le couple est convaincu des bienfaits de cette démarche pour les jeunes réfugiés arrivant en Suisse. "Ils peuvent se sentir acceptés, intégrés, résume François. Et nous, nous apprenons à découvrir une autre culture."

RadioFr. - Simon Gumy
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