Faire revivre l'artisanat de la préhistoire

Cela fait une semaine qu'un groupe de passionnés de préhistoire vit au Village Lacustre de Gletterens au rythme du néolithique. Rencontre.

Une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales. © Frapp
Une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales. © Frapp
Une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales. © Frapp
Une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales. © Frapp
Une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales. © Frapp
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"Vous voyez là, j'ai dix plaquettes carrées et trouées dans lesquelles je fais passer des fils. C'est une sorte de petit métier à tisser." Dans les mains de François Rossel, animateur au Village Lacustre de Gletterens, des fils dorés, bordeaux et blancs s'entremêlent pour former un fin tissu aux motifs primitifs, qui pourra être utilisé comme décoration pour des cols, des bandoulières ou des ceintures. "Bon là, c'est un anachronisme parce que j'utilise une technique de l'âge de bronze alors que je suis dans une maison du néolithique", rigole le fribourgeois.

Cela fait sept jours qu'il vit dans cette reconstruction de la préhistoire à l'occasion du quatrième rassemblement préhistorique organisé par le Village Lacustre. Autour de lui, une vingtaine de passionnés, habillés de cuir et de lin, travaillent à fabriquer le nécessaire de survie en utilisant des techniques ancestrales, sous les yeux d'une poignée de visiteurs fascinés.

Un artisanat intemporel

C'est l'occasion pour les participants de vivre différemment, loin d'une mode de la consommation rapide et excessive. "Beaucoup de savoir-faire ont disparu depuis la révolution industrielle, ce sont désormais les machines qui font tout à notre place, déplore François Rossel. Ici, on essaie de maintenir ces connaissances en vie, et de les retransmettre. On travaille avec des matériaux durables qui viennent de nos forêts, loin du synthétique et du jetable. Ça demande du boulot et du temps, mais c'est solide et en abondance dans la nature."

Un peu plus loin dans le village, Dominique Pflieger, un tanneur amateur alsacien, s'affère à gratter une peau de bison à l'aide d'une lame de silex fixé sur un manche en bois. "Nous l'amincissons parce que c'est un animal à la peau épaisse. Elle sera ensuite traitée avec de la cervelle bouillie pour donner un cuir souple et durable que l'on utilisera pour faire des vêtements, comme ceux que nous portons aujourd'hui." Un savoir-faire hérité des Amérindiens, qui pratiquaient encore le tannage à la cervelle au XXe siècle.

Cette passion pour l'histoire de l'artisanat humain est partagée par tous les membres de cette petite communauté éphémère. Mais faut-il être historien pour s'y intéresser? "N'importe qui, de n'importe quel milieu social, peut pratiquer ces méthodes, affirme François Rossel. Nous avons des chimistes, des informaticiens, des universitaires ou des menuisiers. Il n'y a aucune constante, tout est une question d'intérêt."

Patience et partage

Pour ces artisans du passé, le rassemblement historique et l'occasion parfaite pour échanger ses connaissances et apprendre avec les autres. Giovanni Foletti, archéologue de formation, s'acharne depuis plusieurs minutes sur une pièce de silex avec un marteau en os, tentant la façonner la pierre en pointe de flèche. "Cet artisanat demande énormément de patience et d'entraînement, mais aussi de partage. Ici, je rencontre d'autres passionnés, qui ont des compétences différentes et qui mettent à disposition leurs connaissances."

"On est dans une logique d'expérimentation archéologique, ajoute François Rossel. Beaucoup de gens aiment la préhistoire et font des expériences dans leur garage ou leur jardin. Au lieu de le faire tout seul, venez ici pour rencontrer d'autres personnes qui auront peut-être de nouvelles idées à amener sur votre pratique."

Le rassemblement durera encore jusqu'à ce dimanche en fin de journée. Une visite guidée, des démonstrations et des ateliers de fabrication sont proposés aux visiteurs pendant l'après-midi. L'entrée coûte 3.- pour les enfants et 6.- pour les adultes. Toutes les informations sont disponibles sur le site du Village Lacustre.

Frapp - Mattia Pillonel
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