Fin de mission pour Flavien Droux au Nouveau Monde
Après huit ans à la tête de la programmation du Nouveau Monde, Flavien Droux quitte la scène fribourgeoise pour relever de nouveaux défis.

Radio Fribourg : C’est votre dernière semaine en tant que programmateur du Nouveau Monde. Comment vous sentez-vous ?
Flavien Droux : Ce sont surtout de belles émotions. J’ai annoncé mon départ il y a une année et cela fait six mois qu’on fête ça. Je suis content de partir l’esprit et le cœur légers. J’ai reçu beaucoup de retours positifs, de l’équipe comme du public.
C’était le bon moment pour passer le flambeau ?
Oui. Après huit ans au Nouveau Monde et cinq ans à Ebullition, j’avais envie d’explorer autre chose. Avant d’être lassé, je voulais prendre du recul et vivre d’autres expériences. Et je pense qu’on doit savoir partir au bon moment. Penser au lieu avant de penser à soi.
Quel regard portez-vous sur ce que vous avez construit avec ce lieu ?
L’identité du Nouveau Monde, c’est clairement sa diversité. On ne s’y ennuie jamais. On y programme du théâtre, des concerts, des spectacles, des soirées… Ce n’est pas toujours simple à gérer, mais c’est justement ce qui en fait un espace culturel unique.
Comment avez-vous perçu l’évolution du public ces dernières années ?
Avant le Covid, on était souvent complets. Il y avait une dynamique très forte. Pendant la pandémie, on a tenu bon avec des live streams et des concerts dans les salons des artistes. Mais récemment, on sent une baisse générale. Le public est plus difficile à cerner. Je faisais des tests pour comprendre les attentes, mais aujourd’hui, les retours sont moins clairs.
La scène culturelle fribourgeoise reste très active. Y voyez-vous une concurrence ?
Je parle plutôt de complémentarité. Fribourg est exceptionnel pour sa taille. Il y a une vraie richesse culturelle. Plusieurs lieux qui proposent des événements en même temps, c’est positif. Ça motive les gens à sortir, à faire une tournée.
Vous êtes très attaché à la scène locale. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
Les têtes d’affiche, c’est valorisant, mais programmer la scène locale, c’est une réelle fierté. Les artistes qui viennent parce qu’ils veulent vraiment jouer ici et non pas juste cocher une date, c’est très émouvant. Leurs retours sont précieux.
Le Nouveau Monde fonctionne beaucoup avec des bénévoles. Quelle est leur place ?
Centrale. C’est une des rares salles à Fribourg qui fonctionne encore autant avec des bénévoles. Et ce n’est pas juste logistique : on y intègre aussi des personnes en situation de handicap, des migrants, des Ukrainiennes qui ont cuisiné, tenu le bar ou la billetterie. Ça crée une petite famille, un réseau, surtout pour les gens qui débarquent dans la région.
Vous prenez la programmation des Francomanias. Vous avez hésité avant d’accepter ?
Dix minutes. J’avais besoin de souffler, mais ce festival a des valeurs que j’aime. Quand Jean-Philippe et Manu m’ont dit qu’ils pensaient à moi depuis longtemps, j’ai été très touché. C’est un défi sur une autre échelle, avec d’autres budgets. D’ailleurs, certains agents qui me snobaient au Nouveau Monde m’invitent maintenant à boire des verres. C’est un autre monde mais la programmation reste un travail d’équilibre.
Et après ça, vous prenez du temps pour vous ?
Oui. Lire, regarder des films, voyager. Je vais faire un road trip jusqu’en Grèce avec ma copine. Et surtout m’ennuyer, parait-il que c’est un luxe. J’espère digérer tout ça tranquillement sans pression pour la suite.
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