Le Gruyère AOP face à l'incertitude des taxes américaines
Les États-Unis sont de bons acheteurs de Gruyère dans le canton. Toutefois, la hausse des taxes d’importation annoncée par Trump inquiète.
Le canton de Fribourg a exporté pour près de 750 millions de francs de biens vers les États-Unis en 2023. Un chiffre important, mais qui pourrait être remis en question avec le retour de Donald Trump à la présidence.
En début d'année, le président américain a augmenté les droits de douane de 10% sur les produits chinois et de 25% sur ceux en provenance du Canada et du Mexique. Il l'affirme sans ambiguïté: l'Europe sera la prochaine sur la liste. Une perspective qui inquiète notamment les producteurs de Gruyère AOP.
Une production florissante et une exportation en hausse
La production de Gruyère AOP se porte bien, et les exportations suivent cette tendance. En 2023, 4 300 tonnes de ce fromage emblématique ont pris la direction des États-Unis. Un chiffre impressionnant qui a plus que doublé en vingt-cinq ans. "On est très bien distribués. C’est difficile d’aller dans un quelconque État aux États-Unis et de ne pas trouver du Gruyère suisse", affirme Philippe Bardet, directeur de l’Interprofession du Gruyère.
Mais cet essor pourrait être freiné par la nouvelle politique commerciale des États-Unis. Donald Trump assure qu’il augmentera les taxes douanières des produits européens aux Etats-Unis. Il accuse l’Union européenne de déséquilibrer les échanges commerciaux en limitant les importations de produits américains. "Ils ont vraiment profité de nous. Ils ne prennent pas nos voitures ni nos produits agricoles, ils ne prennent presque rien chez nous. Nous, on prend tout de chez eux", déclarait-il début février dans média américain.
Une incertitude pour les producteurs suisses
Ces menaces inquiètent les acteurs du Gruyère AOP. Si la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne, rien ne garantit qu’elle échappera à ces mesures protectionnistes. Une augmentation des droits de douane renchérirait le prix du produit sur le marché américain et pourrait impacter les ventes. Pour l’instant, les producteurs restent prudents et surveillent l’évolution de la situation. "Il faut voir comment les choses évoluent. S’il y a 25 % de droits de douane, on devra peut-être diminuer un peu la production", anticipe Philippe Bardet.
Toutefois, si les exportations sont essentielles à l'économie du Gruyère AOP, elles ne constituent pas son unique marché. Environ 60% de la production est vendue en Suisse.
