Il sculpte des tombes en forme de Cervin
Alex Bauer est marbrier à Fribourg, comme son père avant lui. A l'occasion de la Toussaint, rencontre avec ce pro du marteau et du burin
"On n'a pas de limites, seulement celles de la pierre !" Alex Bauer est marbrier à Fribourg. Il a suivi les traces de son père avec lequel il travaille aujourd'hui. A l'occasion de la Toussaint, nous lui avons rendu visite dans son atelier de St-Léonard, tout près du cimetière du même nom.
Une gravure représentant une pelote de laine piquée d'aiguilles à tricoter, des Poya aux détails minutieux ou encore le Cervin en 3D, les deux artisans ont réalisé des pièces étonnantes. Parmi les pièces marquantes de la "jeune" carrière du marbrier, cet ange accoudé à la stèle pour la sépulture d'un enfant.
Parler de la mort, c'est devenu tabou
Accueillir les familles en deuil, pour le moment, c'est le père d'Alex qui gère. Mais quand le jeune marbrier est seul comme cette semaine, il prend le relais. "On voit souvent des proches un peu perdus, parce qu'ils ne savent pas ce que voulait leur défunt. Parler de la mort, c'est devenu tabou !" regrette-t-il. ""Pourtant, poursuit-il, si on évoque ces questions en famille, ça peut simplifier les choses"
En revanche, certains clients prennent les devants. Le marbrier pointe du doigt toute une série de pierres tombales, aux dimensions variées "Toutes ces stèles, par exemple, sont des commandes que des personnes ont fait pour elles-mêmes".
Un métier devenu rare
Et combien de temps ça prend de réaliser une pierre tombale ? Et bien ça dépend du volume, du motif et des pierres à disposition. La marbrerie St-Léonard fonctionne avec très peu de stock, contrairement à d'autres entreprises. Entre l'obtention de la matière brute et la finition de la taille, les délais peuvent s'échelonner entre une semaine et deux mois.
Marbrier, le métier ne fait apparemment pas rêver la jeune génération. Sur la vingtaine d'apprentis qui ont commencé leur formation en même temps qu'Alex, il y a une dizaine d'années, seuls 4 ont terminé diplômés.
Cette profession permet pourtant au jeune homme de faire parler sa fibre artistique. A l'ancienne, avec marteau et burin comme pour cette rose en relief. Mais aussi sur une machine informatisée qui lui permet de polir la pierre ou faire de la gravure.
Alex s'adapte à l'évolution des goûts. "Avant les motifs étaient peut-être un peu plus simples, plus petits". Mais il y a des constantes, la croix catholique qui reste l'un des éléments les plus demandés. "Quand les gens viennent avec un projet, notre objectif, c'est de lui donner vie". Autrement dit de lui apporter du relief, du caractère. "On peut se lâcher" conclut le marbrier, sourire en coin !


