Bon Entendeur: "Etre amis, ça aide à durer"

RadioFr: Vous êtes potes depuis bientôt 20 ans. Est-ce que ça aide pour faire de la musique? 

Arnaud Bonet: Je dirais que ça aide à durer. Je passe plus de temps avec Pierre qu'avec n'importe qui de mon entourage, c'est très intense comme relation, et d'être amis avant de faire ce projet-là, ça aide quand même dans la longévité.

RadioFr: En 2013, vous vous êtes fait connaitre avec la mixtape "J'ai manqué mon rendez-vous", sur laquelle vous superposez un interview de Dominique Strauss-Kahn, avec des beats électro-pop. Comment est arrivé ce concept?

Pierre Della Monica: Historiquement, on était un blog musical. On partageait sur nos réseaux nos coups de cœur musicaux. Très rapidement, on a décidé de compiler ça avec des playlists et ça a encore évolué avec le concept de mixtape, c'est-à-dire des playlists avec des transitions entre chaque morceau. En voulant ajouter du relief à la musique, on s'est dit que ça pourrait être intéressant de mettre des voix par-dessus la musique pour vraiment créer une identité et raconter des choses en musique. Ce qu'on dit souvent, c'est que la musique est mise en avant grâce au discours, mais le discours est aussi surligné grâce à la musique. Les deux sont assez complémentaires.

Vous développez ensuite le concept, avec des interviews de personnalités comme Pierre Niney, MC Solaar, Audrey Fleurot entre autres...

Arnaud Bonet: Les dix premières mixtapes, c'était des interviews qu'on récupérait d'internet, ou des extraits de films, puis on a eu la chance de rencontrer Oxmo Puccino en 2015, qui est la première interview qui en a débloqué plein d'autres derrière. Ça a été très inspirant pour nous d'avoir la chance de rencontrer ces gens et de faire des interviews hors de tout cadre promotionnel. L'idée, c'était de parler d'eux, de leur manière d'aborder des questions sur la vie en général. 

Vous avez fait plein de belles rencontres, mais je crois que celles de Richard Bohringer et Pierre Niney ont été particulièrement marquantes...

Pierre Della Monica: Aah, j'allais le dire! Ce sont deux rencontres qui nous ont effectivement beaucoup marqués, pour des raisons différentes. Pierre Niney, c'est par son authenticité et sa simplicité. On était un peu stressés pendant l'interview, et au bout de quinze minutes, on avait l'impression d'être avec un copain qu'on n'avait pas vu depuis longtemps. Pour Richard Bohringer, on ne savait pas trop à quoi s'attendre. On avait réservé un studio d'enregistrement pour une demi-heure, une heure, et je crois qu'on est restés plus de deux heures avec lui. Il se confiait sur des choses très personnelles de sa vie. En sortant, on était presque sonnés. On avait vécu un moment incroyable, magique, hors du temps.

On dit de votre troisième album, "Rivages" (2024), qu'il est "le récit électronique d'une croisière en Méditerranée, de la french riviera au Caire, en passant par l'Italie". C'est tellement ça, on voyage. On peut l'écouter partout...

Arnaud Bonet: On est content que ça marche! Quand on était en studio, on s'imaginait, avec Pierre, sur un bateau en Méditerranée, passer de rivage en rivage. On a essayé de faire ce petit tour et, en même temps, d'amener des énergies un peu différentes en fonction des morceaux, parfois un peu plus disco, plus dansant, posé ou onirique. 

C'est un album qui vous ressemble, avec un clin d'oeil à vos origines: Aix-en-Provence, la Corse... 

Pierre Della Monica: Oui, ça nous touche! On a eu la chance de beaucoup jouer en Méditerranée, et on a réalisé qu'il y a véritablement une culture commune, et on se sent y appartenir. On a voulu le retranscrire à notre manière dans cet album. 

Sur l'album, il y a ce remix de "Baby c'est vous" de Sylvie Vartan. Comment c'est arrivé?

Pierre Della Monica: C'est un son qui nous a touchés. On trouvait qu'il avait sa place dans l'album, parce que, encore une fois, ça me fait penser à une croisière en fin de journée, un soleil qui se couche. Et on a eu la chance d'avoir l'accord pour le remixer.

Ecouter l'interview complet: