La peine de la criminelle de Rossens sera-t-elle réduite?
Ses avocats estiment que sa condamnation à 13 ans de prison est beaucoup trop lourde. Ils demandent que la détenue soit libérée.

Le procès en deuxième instance de la femme, condamnée à 13 ans de prison pour avoir essayé de supprimer son mari à Rossens en 2014, s'est ouvert mercredi devant le Tribunal cantonal, à Granges-Paccot. Cette médecin portugaise avait été reconnue coupable de tentative d'assassinat par le Tribunal pénal de la Sarine en 2018. Âgée aujourd'hui de 35 ans, elle a fait appel de sa condamnation et demande à la justice fribourgeoise de réduire sa peine, notamment en raison de ses troubles bipolaires.
Les avocats de la défense estiment que le procès de première instance est une "erreur judiciaire". "Les juges ont presque reproché à notre cliente de respirer car chaque respiration était une manipulation", plaident les avocats genevois Saskia Ditisheim et Robert Assael. Ils estiment qu'à cause de sa santé mentale, la prévenue ne peut pas être considérée comme entièrement responsable de ses actes. Sa peine doit donc être revue à la baisse en conséquence. La défense requiert trois ans de prison, dont la moitié avec sursis. La prévenue est incarcérée depuis 2014, d'abord 14 mois au Brésil dans des conditions qualifiées d'"inhumaines", puis en Suisse.
Si le Tribunal cantonal va dans le sens de la défense, la jeune femme pourrait donc être libérée rapidement car elle aurait déjà effectué la totalité de sa peine. Ses avocats demandent par conséquent également que l'Etat de Fribourg l'indemnise pour les jours passés en trop en détention. "Je regrette ce qui s'est passé. A l'époque, j'étais persuadée d'être menacée par mon mari. Je sais aujourd'hui que c'était des idées délirantes", a déclaré la jeune femme lors de l'audience.
Le Ministère public et l'avocat de la victime sont complètement opposés à une réduction de peine. "C'est trop facile d'accuser la maladie", a expliqué l'avocat fribourgeois Christophe Sansonnens. Le Tribunal cantonal rendra son verdict ce vendredi.
Retour sur les faits
Le 23 avril 2014, vers 1h30, la femme sonne à la porte du domicile de son mari, à Rossens. Les deux médecins ont fait connaissance à l'HFR et se sont mariés quelques mois plus tôt. Mais l'homme a annoncé sa volonté de divorcer peu auparavant. Il ouvre sans méfiance car sa femme prétexte venir chercher ses affaires avec son beau-frère. Il s'agit en réalité de son amant brésilien. Les complices ont un plan précis en tête: supprimer le mari en faisant croire qu'il s'est suicidé, toucher l'héritage et partir au Brésil.
Une fois dans l'appartement, ils menacent le médecin avec un fusil et le forcent à boire un cocktail empoisonné, un mélange de jus de fraise et de mort-aux-rats. S'ensuit plus d'une heure de calvaire pour la victime. Après avoir fait semblant d'être mort, l'homme profite d'être sans surveillance un instant pour prendre la fuite. Rattrapé par ses bourreaux, il est alors étranglé, roué de coups, blessé au couteau au poignet, mais parvient à s'enfuir à nouveau. C'est finalement auprès d'un voisin qu'il réussira à trouver de l'aide.
Fuite au Brésil
Ses agresseurs s'échappent au Brésil. La cavale prend fin quelques semaines plus tard pour la jeune femme, qui se rend à la police après avoir subi des violences domestiques. Elle est alors emprisonnée au Brésil durant plus d'un an, puis extradée vers la Suisse.
Son amant, toujours en liberté au Brésil, ne peut pas être extradé. Il est placé sous mandat d'arrêt international. Le Ministère public fribourgeois pourrait décider de le poursuivre, une fois que le jugement de la jeune femme est définitif.


