Roger Rönnberg: "Je sens cette passion autour de Gottéron"

Le nouvel entraîneur de Fribourg-Gottéron est arrivé et s'est adressé ce vendredi pour la première fois aux médias. Interview.

Roger Rönnberg lors de son dernier voyage à la Coupe Spengler en 2023. © KEYSTONE

Radio Freiburg: Roger Rönnberg, bienvenue à Fribourg. Quelle est votre première impression?

Roger Rönnberg: J'adore la ville et la passion de toutes les personnes que je rencontre. Il y a tellement de gens formidables au sein du club. J'ai rapidement rencontré tout le monde et il faut du travail pour apprendre tous les noms et s’installer ici. Mais que ce soit les joueurs, le personnel du club ou les gens dans la rue, c’est un endroit magnifique.

Comment s’est passé le premier contact avec les joueurs dans le vestiaire?

J’étais assez nerveux, je dois l’admettre. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai une équipe totalement nouvelle. Mais c’était passionnant, inspirant et un peu stressant. J'ai adoré voir cette flamme dans les yeux des garçons. C’est une équipe très motivée qui veut vraiment accomplir quelque chose de spécial.

Aviez-vous déjà parlé avec les joueurs avant votre arrivée?

Oui, avec certains joueurs, bien sûr, comme Sprunger. Je crois beaucoup en une relation étroite avec eux. Mais c’est une autre sensation de rencontrer tout le monde et de commencer à se connaître vraiment.

L'annonce que vous serez le nouvel entraîneur principal de Fribourg-Gottéron remonte à un an. Comme vous le savez peut-être, le hockey à Fribourg est presque une religion. Vous êtes un peu vu comme le nouveau messie. Est-ce que cette attente élevée représente beaucoup de pression pour vous?

Bien sûr, il y a de la pression, mais j’aime la pression. Et à mon avis, la plus grande pression vient toujours de moi-même. Ce n'est pas la peur de perdre qui me travaille, c’est moi-même: je déteste perdre, cela suffit comme pression. Mais je ressens aussi une grande responsabilité. Je sens cette passion, et c’est spécial. Car pour les gens qui suivent ce club, ce n’est pas comme une religion, c’est une religion. Je ne pense pas qu’il existe ailleurs en Europe un club avec des fans aussi passionnés. Je travaillerai chaque semaine, chaque jour, pour que les gens aient une équipe avec laquelle ils se sentent connectés et dont ils sont fiers – une équipe qui joue vraiment pour ses supporters.

On sent que vous vous êtes déjà beaucoup investi à Fribourg-Gottéron. Vous aviez un an pour vous préparer. À quel point avez-vous suivi de près le club cette dernière année?

Aussi étroitement qu’on puisse suivre un club. Je m’intéresse beaucoup à son histoire, je sais comment il a été fondé, à Gottéron, par les travailleurs du centre-ville qui se sont battus pour le faire émerger, depuis la Caverne du Dragon. J’adore ça, car on doit comprendre et être fier de l’histoire de son club. J’ai regardé chaque match lors des deux dernières saisons et j’en ai analysé beaucoup en détail. J’ai donc une bonne idée de ce à quoi ressemble l’équipe.

Combien de contacts aviez-vous la saison passée avec Gerd ou Lars?

Avec Gerd, presque tous les jours. Nous avons beaucoup échangé, car nous avons pris toutes les décisions ensemble – c’est l’esprit d’équipe. Tous les transferts ont été discutés, toujours selon une vision partagée que nous avons pu maintenant transmettre à d’autres au club. Avec Lars aussi, nous avons beaucoup parlé. Il est même venu chez moi à Göteborg. Nous apprenons à mieux nous connaître. Je suis content qu’il ait pu me montrer, après Noël, quelles qualités d’entraîneur il a. Je suis heureux de l’avoir avec nous et je compte bien utiliser sa clairvoyance à l’avenir.

Lui avez-vous déjà donné des instructions pour la saison passée?

Non. J’ai dit à Lars qu’il pouvait m’appeler s’il avait des questions, mais comme entraîneur, il faut être sûr de soi et jouer selon ses propres convictions. On a eu quelques discussions, mais il est tellement intelligent qu’il aurait trouvé seul. Cela me rassure vraiment.

Vous avez évoqué avec Gerd les transferts de nouveaux joueurs. Êtes-vous satisfait de l’équipe à Fribourg?

Nous avons une équipe formidable. Ce que beaucoup ignorent, c’est la qualité humaine des garçons que nous avons recrutés. Nous avons cherché des joueurs qui incarnent l’esprit de Gottéron. Nous voulions des joueurs que les fans apprécient même après une défaite – à cause de leur esprit combatif et leur passion. Nous avons cherché des coéquipiers capables de rendre meilleurs ceux qui les entourent. Certains ne sont peut-être pas aussi flamboyants que d’autres, mais par exemple Nemeth, que je connais déjà, est l’un des meilleurs coéquipiers que j’ai entraînés, va nous aider à instaurer la bonne culture.

Donc la chimie du groupe est très importante pour vous?

Je crois que les équipes gagnantes le sont grâce à cette chimie. Les équipes qui perdent, c’est l’inverse. Le plus important dans le sport de haut niveau, c’est l’esprit de gagnant dans le vestiaire et la relation entre les joueurs: qu’ils jouent vraiment les uns pour les autres. La fraternité qui a fondé ce club – c’est ça que nous devons retrouver cette année.

Vous avez parlé de gagner. Quels sont les objectifs de Fribourg-Gottéron sous Roger Rönnberg?

La vision n’est pas seulement de gagner une fois, mais d’être compétitif tous les ans. Gagner, c’est un rêve, mais les rêves sont silencieux – il est important de ne pas crier qu’on veut gagner. Je ne serais pas ici si ce n'était pas notre objectif. J’ai la conviction que ce club peut gagner. Mais pour ça, il faut commencer à travailler pour devenir des gagnants, jour après jour: s’entraîner comme des champions, avoir l’esprit d’équipe de champions, jouer comme des champions. Dire qu’on veut gagner ne suffit pas. Il faut rester humble et travailler dur – ainsi la chance de victoire augmente.

Avez-vous une estimation du temps que cela prendra pour atteindre cet objectif?

C’est ce qui est passionnant dans le sport: on ne peut jamais planifier quand on va gagner. On peut juste mettre toutes les chances de notre côté. C’est mon rôle de rendre l’équipe meilleure chaque jour. Quand on voit où était le club ces deux dernières années – deux fois en demi-finale – ça peut arriver soudainement: on gagne un match 7, on se retrouve en finale, et pourquoi pas battre Zurich? Ils sont notre objectif, ils ont gagné deux fois, on veut passer devant eux. J’ai hâte de partir à la chasse au titre avec les Dragons.

Mais comme vous le dites, cela va prendre du temps. Êtes-vous là pour le long terme?

Oui, je suis ici pour développer le club sur la durée, mais on ne sait jamais quand on va gagner. On ne peut pas se fixer une obligation de victoire à 2 ou 3 ans. Nous ferons tout pour gagner cette année – et chaque année. J’inciterai les joueurs à aussi gagner les matches amicaux. Mais la saison est longue. On ne gagne pas en août, pas avant Noël. Il faut être prêt au printemps – nous devons développer joueurs et club pour ce moment-là.

Imaginons que, face à cette pression, la saison démarre comme la précédente. Que feriez-vous?

Je ne changerais pas ma manière de jouer. Je suis prêt. On doit l’être. Il faut être assez humble pour comprendre qu’avec un peu de malchance, on peut vite enchaîner trois défaites. Alors l’équipe a besoin d’un vrai leader. Je suis prêt, j’ai déjà vécu ça. Il faut bien jouer au hockey, c’est l’essentiel. Si cette équipe se bat vraiment et joue avec l’esprit Gottéron, on aura plus de chances de gagner. C’est mon rôle d’aligner une équipe que les fans soutiennent, même après une défaite.

RadioFr. - Fabian Waeber
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