L'air est-il pollué dans les salles de classe du canton?

Une campagne de mesures est en cours dans 24 écoles. Elle s'intéresse aux polluants chimiques, au radon et aux particules fines.

Matias Cesari récupère les dosimètres qui mesurent la concentration de radon dans l'air et qui ont été posés au début de l'hiver dans une école à Courtepin. © RadioFr.

Dans plusieurs salles de classe au rez-de-chaussée, au sous-sol, dans la salle des enseignants, dans des locaux techniques: cet hiver, des dosimètres, sortes de petites capsules noires, ont été placés dans une vingtaine d'endroits de l'école de Courtepin, dans les bâtiments à la fois neufs et anciens. Objectif: mesurer la concentration de radon dans l'air, ce gaz inodore et incolore qui s'échappe de certains sous-sols et peut être dangereux pour la santé sur le long-terme.

"Ces petits appareils sont plombés, bien accrochés, pour éviter qu'ils soient manipulés par les enfants", précise Joëlle Goyette Pernot, professeure à la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg au sein du Centre romand de la qualité de l’air intérieur et du radon, et en charge de la campagne de mesures.

Résultats dans quelques mois

Trois mois après, il est l'heure de retirer ces petits appareils. Avec Joëlle Goyette Pernot, Matias Cesari, collaborateur scientifique à la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, fait ainsi le tour des salles afin de récupérer ces petites capsules: "Certaines sont posées au-sous-sol, dans les locaux dans lesquels des tuyaux arrivent dans le bâtiment, cela peut être des points de faiblesse au niveau de l'étanchéité du bâtiment et des points d'entrée du radon."

Ces dosimètres seront ensuite analysés dans un laboratoire en Suède. Les résultats devraient être connus et dévoilés aux communes avant l'été. "Si les concentrations en radon sont anormalement élevées, on va accompagner les communes pour identifier la source et proposer  des solutions d'assainissement: la mise en place d'un système de ventilation ou encore un système de drainage pour que le gaz qui s'échappe du terrain, ne pénètre pas dans les écoles", explique Joëlle Goyette Pernot.

Polluants chimiques à la loupe

En tout, 24 écoles participent à ce projet. Baptisé "Scol'air-Fr", il doit évaluer la qualité de l'air respiré dans les écoles par les enfants fribourgeois. Le projet ne se concentre pas uniquement sur le radon: "On mesure aussi les particules fines, le CO2, la température, l'humidité, détaille la chercheuse spécialiste de la qualité de l'air. On étudie enfin les composés organiques volatils, ces polluants chimiques issus des matériaux de construction, d'ameublement et des produits utilisés dans le cadre des activités scolaires, encres, peintures ou colles."

Le but: avoir une vision d'ensemble et donner des recommandations aux enseignants: quels produits utilisés pour les activités artistiques ou pour le nettoyage par exemple. "C'est toujours intéressant d'avoir un retour sur nos pratiques en classe, de voir ce que l'on pourrait faire autrement", réagit Nesrine Noorjan, directrice francophone du cercle scolaire de Courtepin.

Ce projet, d'un coût total d'un peu plus de 300'000 francs, va durer deux ans. Concernant la concentration de CO2 dans l'air des salles de classe fribourgeoises, une nouvelle campagne de mesures sera réalisée l'hiver prochain. Les équipes verront alors si les bonnes pratiques d'aérer régulièrement, adoptées par les enseignants en temps de pandémie, se maintiennent sur un temps plus long.

RadioFr. - Maëlle Robert
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