Le canton de Fribourg reconnaît la communauté alévie
Ce courant religieux de l'islam, très présent en Turquie, pourrait être le premier à obtenir des prérogatives de droit public dans le canton.

Le canton de Fribourg reconnaît pour la première fois une nouvelle communauté religieuse. L'alévisme est une religion rattachée à l'islam et particulièrement importante en Turquie, où elle est la deuxième confession. En 1993, un Centre culturel des Alévi-e-s de Fribourg voit le jour. Mais l'arrivée de la communauté remonte au moins aux années 80, selon Elif Caliskan, présidente du centre aujourd'hui.
Ce mercredi, la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF) a validé une demande de prérogatives de droit public pour cette communauté. Concrètement, si cette dernière est acceptée, elle donne le droit à l'association d'être notifiée de l'arrivée ou du départ de membres de la communauté dans les communes fribourgeoises. "Au Centre culturel, nous avons des membres, mais nous ne touchons de loin pas tous les alévis du canton", explique Elif Caliskan. "C'est important de connaître les mouvements de la communauté, afin de suivre ce qu'il se passe et de répondre aux besoins."
Parmi ces besoins, la présidente cite notamment l'aumônerie dans les hôpitaux, les écoles et les prisons du canton. La prérogative donnerait aussi le droit aux alévis de réserver des locaux scolaire pour dispenser l'instruction religieuse aux membres de la communauté, en dehors des heures d'enseignement.
Une première pour le canton de Fribourg
Les alévis de Fribourg sont la première communauté religieuse à déposer une telle demande dans le canton, prévue dans le cadre de la loi concernant les rapports entre les communautés confessionnelles et l’État (LRCCE). "L'occasion s'est présentée avec la révision partielle de la loi", précise Elif Caliskan, en référence à un élargissement des critères, validé en mars 2024 par le Grand Conseil. Ailleurs en Suisse, le canton de Bâle-Ville a déjà octroyé des prérogatives similaires à la communauté en 2012.
Pour pouvoir déposer une telle demande, un courant religieux doit s'organiser sur la base d'une association civile et répondre à certaines exigences, comme respecter les principes constitutionnels fondamentaux et l'ordre juridique suisse, prendre part au dialogue interreligieux et tenir une comptabilité en règle.
La décision de la DIAF ouvre maintenant une période probatoire de cinq ans, durant laquelle la demande sera examinée par les autorités cantonales et communales concernées. Le Conseil d'État rendra ensuite une décision finale.