Lensa, fun mais pas innocente

L'application qui génère des avatars d'après des photos fait fureur, mais soulève des problèmes de données. L'avis d'un avocat.

Des exemples de "Magic Avatars" générée grâce à l'intelligence artificielle. © Lensa

Sur vos réseaux sociaux, vos amis sont peut-être devenus des personnages de manga ou des petits elfes des bois. Ils ont sans aucun doute cédé à l'application du moment: Lensa, qui permet de télécharger des portraits et de les transformer en oeuvres artistiques grâce à une intelligence artificielle (IA).

Si la société américaine Prima Labs a lancé Lensa AI en 2018, ses "Magic Avatars" font fureur sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines seulement. L'application a connu des millions d'installations dans le monde entier au cours de la première moitié de décembre.

Pour générer ces images, il faut débourser 100 francs par an, mais un essai de 7 jours est gratuit. Il faut ensuite télécharger entre 10 et 20 photos dans l'application, et sélectionner un genre. Leur traitement nécessite une vingtaine de minutes. Enfin, une cinquantaine de "Magic Avatars" sont créés pour chaque selfie.

Perdre la maîtrise

C'est ludique, pop, cosmique ou fantaisiste. Mais à quel prix? "En utilisant Lensa, on donne une sorte de blanc-seing à l'entreprise pour qu'elle puisse exploiter nos données, mais on ne sait pas vraiment à quelles fins", répond Nicolas Capt, avocat spécialiste du droit des nouvelles technologies. Un problème toutefois connu avec ce genre d'application.

Le spécialiste prévient aussi d'un paradoxe. "La politique de confidentialité de Lensa AI affirme que les images sont supprimées dans les 24 heures suivant leur traitement, mais en même temps elle précise que les photos peuvent être utilisées pour perfectionner les algorithmes." Prudence, donc.

Plagiat d'artistes

Ailleurs sur les réseaux sociaux, des usagers dénoncent l'application pour d'autres raisons encore. Certains signalent notamment que les images générées par Lensa perpétuent des clichés sexistes et raciaux.

De plus, la question du plagiat se pose: des artistes s'inquiètent de voir l'intelligence artificielle se développer sur la base de leurs créations, sans leur consentement.


"N'utilisez pas le générateur 'Magic Avatar' de l'appli Lensa", a par exemple écrit l'artiste numérique Meg Rae. "Il utilise la diffusion stable, un modèle artistique d'IA, pour échantillonner des œuvres d'artistes qui n'ont jamais consenti à ce que leur travail soit utilisé. C'est du vol d'art".

Frapp - Alexia Nichele
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