Alain Wicht sillonne le canton de Fribourg depuis 40 ans pour photographier les gens. Il n'y a pas eu une désalpe, un giron, une course Morat-Fribourg ou un carnaval qui a échappé à son objectif. Entretien avec ce passionné qui part à la retraite après des décennies passées au quotidien La Liberté.
La Télé/RadioFr: Cela fait 40 ans que vous êtes photographe de presse, comment le métier a-t-il évolué pendant toutes ces décennies?
Alain Wicht: Entre les photographes, les modèles ou les reportages, ça n'a pas vraiment changé. C'est le matériel photographique qui a changé. On est passé de l'analogique, donc les négatifs et la chambre noire avec cette odeur incomparable, au numérique où, malheureusement, on a tendance à faire trop de photos. Ce qui fait que l'on passe beaucoup de temps devant l'ordinateur.
Il paraît que vous êtes toujours stressé pour vos sujets. Pourquoi?
Je ne dirais pas stressé, mais oui, il y a une petite anxiété, celle qui va te passionner. Une photo, c'est toujours une aventure. Par exemple, pour un match de foot, est-ce que tu as choisi le bon endroit? Est-ce que tu es bien placé? Est-ce que les joueurs t'ont remarqué? Parce que suivant dans quelle ligue ils jouent, s'ils sont photographiés et qu'ils passent dans le journal, ils doivent donner quelque chose à la caisse du club. Donc parfois, ils jouent à l'opposé du photographe, et là, c'est à toi de trouver des idées.
Votre marque de fabrique, c'est de mettre tout de suite les gens à l'aise. Quel est votre secret?
Je ne sais pas. On me dit que je mets mes modèles, mes top-modèles, à l'aise, mais je n'ai pas la réponse. Il faut peut-être demander à ceux que j'ai portraiturés.
Vous êtes aussi un peu espiègle avec vos sujets. Ça vous arrive par exemple de les mettre nus?
Elle revient souvent cette question (rires). Oui, j'ai deux ou trois anecdotes. Ça m'est arrivé avec des musiciens que je photographiais dans un endroit qui ne se prêtait pas tellement à la photo. Il y avait des douches et, évidemment, j'ai rarement vu quelqu'un se doucher habillé. L'idée a démarré comme ça. Ils ont joué le jeu et c'était superbe. On en parle encore alors que ça date d'il y a 20 ans.
Est-ce qu'il y a des photos plus difficiles à faire que d'autres?
Je ne crois pas, non.
Lesquelles vous aimez bien faire?
Toutes. Parce que je pense que nous, photographes de presse, on n'a pas le droit d'aimer moins un sujet qu'un autre. Finalement, c'est le lecteur qui va retrouver son bonheur. Celui qui est passionné de football, de basket ou de hockey, veut une belle image dans son journal. Il ne veut pas un photographe qui n'aime pas vraiment le sujet et qui fait une photo bâclée. Ça, on n'a pas le droit.
Vous allez faire quoi de votre temps libre maintenant? On sait que vous aimez jouer au squash et faire du vélo. Vous êtes un bon vivant...
Mais vous savez déjà tout. Je vais continuer de faire des photos parce que je ne peux arrêter comme ça du jour au lendemain. Je vais faire du squash avec mon fils, qui est devenu vachement bon, faire de la marche et puis continuer aussi de découvrir le monde et lire.
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La Télé / RadioFr. - Karin Baumgartner / Adaptation web: Mattia Pillonel