"L'Unifr doit rester attractive en termes d'infrastructures"

Investissements, bilinguisme, chantiers: où en est l'Université de Fribourg? Désormais ex-rectrice, Astrid Epiney dresse le bilan.

Astrid Epiney était l'invitée de Radio Fribourg ce lundi. © RadioFr.

Comment se porte l'Université de Fribourg aujourd'hui?

Je crois qu'elle se porte très bien. On a pu mettre en place tout un ensemble de projets, de réorganisation interne notamment, par exemple, le centre de langues, mais on a aussi des nouveaux programmes d'études, par exemple le Master en Digital Society.

Depuis 10 ans, le nombre d'étudiants augmente peu: de 9900 à environ 10'700 aujourd'hui, comment l'expliquer?

On a toujours eu davantage d'étudiants francophones, mais le nombre de germanophones a diminué. En Suisse alémanique, la langue française perd un tout petit peu d'importance. Ceci dit, on travaille pour continuer à jouer ce rôle de pont entre les deux régions linguistiques parce que j'y crois fermement. Il faut comprendre, et si possible parler, l'autre langue importante dans ce pays, pour la cohésion de la Suisse.

Au niveau des facultés, la majeure partie des étudiants de l'Université de Fribourg étudient encore aujourd'hui les lettres et les sciences sociales, mais est-ce que vous voyez une évolution vers des domaines plus scientifiques?

La faculté des sciences et de médecine s'est développée, ces étudiants représentent environ 20% de l'effectif. L'Unifr reste une université complète. Il n'y a pas vraiment de domaine inutile.

Des domaines comme l'anthropologie, l'histoire, la sociologie sont parfois remis en question parce qu'on entend que ça coûte cher, parce que c'est très théorique, parce que ça ne répond pas forcément aux attentes du marché. Qu'est-ce que vous répondez à cette critique ?

On constate que ça n'a jamais fonctionné de vouloir guider les étudiants vers des branches "utiles". Les grands défis d'aujourd'hui, la migration, le changement climatique etc., impliquent une collaboration entre différents domaines scientifiques. Et on ne constate pas que ces étudiants-là, en histoire ou en anthropologie, sont plus au chômage que les autres.

Chaque étudiant coûte entre 10'000 et 50'000 francs, selon des chiffres de la Confédération. Avez-vous une idée du retour sur investissement? 

L'Unifr est financée par le Canton, la Confédération et un peu par les taxes universitaires. Selon une étude qui remonte à 3-4 ans, chaque franc investi par le canton de Fribourg dans son université lui rapporte 2 francs. Et il faut aussi parler du rôle de l'université pour le canton et la ville: ça change le visage de Fribourg.

Le Canton dépense environ 11'000 francs par année par étudiant, c'est beaucoup moins que d'autres cantons, comme Vaud ou Genève dont la contribution se monte environ à 20'000 francs. Comment l'expliquer?

Le canton de Fribourg ne peut pas être comparé à ces cantons en termes de capacité financière. Mais effectivement, la marge de manœuvre de notre université est un peu plus restreinte que d'autres, ce qui représente un défi. Ceci dit, le Canton a fait de gros efforts à raison de 2 millions supplémentaires par année pour des postes au sein du personnel. Il ne faut pas non plus oublier le master en Médecine mis sur pied grâce à la décision du Canton. On sent un soutien fort.

Les travaux pour une nouvelle faculté de droit auraient dû être lancés pendant votre mandat, or, le premier coup de pelle n'a pas eu lieu. L'université a-t-elle pris du retard au niveau des infrastructures?

Oui. On a un grand retard. Notre université est dispersée sur différents sites, avec des locaux parfois vétustes. Les salles de cours ne sont pas toutes adaptées aux besoins. Il faut vraiment aller de l'avant: l'université doit rester attractive aussi pour ses infrastructures.

Que peut-on souhaiter aujourd'hui à l'Université de Fribourg?

On peut souhaiter qu'elle continue de jouer son rôle de pont entre les deux cultures, sans oublier les Tessinois qui représentent une forte communauté à Fribourg. On peut aussi lui souhaiter que cet esprit de communauté universitaire perdure. Je me réjouis de continuer à participer à cela à la faculté de droit, en droit européen.

Ecouter l'interview complet:

RadioFr. - Loïc Schorderet / Adaptation web: Alexia Nichele
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