"On ne va pas s'arrêter là"

Sebastien* a participé à la rave de Montagny la semaine dernière. Le Fribourgeois dévoile les coulisses de ces fêtes illicites.

Plus d'une centaine de personnes s'étaient rassemblées illégalement dans une gravière à Montagny lors du week-end de l'ascension. © KEYSTONE

La fête non autorisée de Montagny a eu lieu un mois après un autre événement de ce type, à Semsales. Ces soirées semblent avoir pris davantage d'ampleur suite aux restrictions sanitaires, mais le phénomène des "rave party" n'est pas nouveau. Qui les organise? Comment? Qui y participe? Nous avons rencontré un des fêtards présents dans la Broye mercredi dernier.

"Je ne vais pas vous mentir, je me rends dans ce type de soirée tous les week-ends, partout en Suisse, depuis 2017. Parfois, c'est moi qui mixe", témoigne Sebastien*, 22 ans. Parmi la centaine de participants, des Romands, mais aussi des Français, des Belges et des Espagnols. Les noceurs ont réussi à se donner rendez-vous dans une ancienne gravière sans éveiller les soupçons des autorités. 

"On évite de passer par les réseaux en ligne, car souvent ils sont surveillés par la police", précise le jeune fribourgeois. "On a reçu un flyer lors d'une soirée qui indiquait la date et le pays où allait s'organiser la fête. Sur ce flyer, il y avait un lien qui nous redirigeant vers un groupe sur une application de messagerie. Le jour J, on a reçu un message avec deux points de rendez-vous possibles en Suisse et c'est ensuite parti en convoi vers Montagny."

"Il y a eu trop de nuisances"

Sebastien* le reconnaît: l'emplacement n'a pas été bien choisi. "Ce n'était vraiment pas idéal et il y a eu beaucoup trop de nuisances. On essaie toujours de faire au mieux dans le choix du lieu, mais là on n'était pas du tout responsable de ça". Reste cette question: alors que les organisateurs - qui n'ont pas encore été identifiés par la police - risquent des centaines de francs d'amendes, pourquoi ne pas opter pour la voie légale? "On n'a pas du tout les moyens de payer toutes les procédures que ça implique. Après, nous n'avons jamais eu de soucis. On n'a jamais dû appeler les pompiers ou une ambulance, par exemple."

Néanmoins, notre témoin l'admet, il y a de plus en plus de risque d'être dépassé par les événements. "Depuis le Covid, on voit des nouveaux qui ne comprennent pas et ne respectent pas toujours les valeurs de free party. Il faut vraiment les leur rappeler, à commencer par la nécessité de ramasser les déchets."

Le jeune homme appelle toutefois les autorités à faire un pas en leur direction pour trouver des solutions, car il l'assure: malgré les débordements à Montagny, ces soirées, sous forme de discothèque techno en plein air, ne sont pas près de se terminer. "On ne va pas s'arrêter là", prévient-il. "La free party n'est pas un crime et rien n'arrête un peuple qui danse!"

*nom d'emprunt

RadioFr. - Mehdi Piccand
...