Hygiène sur les chantiers: Unia veut défendre les artisans
Toilettes insalubres et locaux de pause inexistants: le syndicat lance une action contre les espaces de vie inadaptés sur les chantiers.
"Insalubrité: ces vestiaires nous désespèrent!" Scotché sur la porte des toilettes mobiles à l'entrée d'un chantier dans un village glânois, le message d'Unia est clair. Plusieurs représentants syndicaux sont venus mercredi matin dénoncer des violations des conditions de travail, telles qu'elles sont fixées dans la loi.
Ce grand chantier, où quatre immeubles d'habitation sont en train d'être construits, occupe environ cinquante artisans, selon le syndicat. Lors d'une précédente visite, les représentants d'Unia avaient déjà constaté des manquements, en ce qui concerne les sanitaires, les lieux de vie et le transport de charges lourdes.
Manque d'accès à des toilettes et à l'eau courante
Au rez-de-chaussé de l'un des immeubles, plusieurs ouvriers prennent une pause sur un mobilier improvisé: une planche posée sur deux palettes de bois et des blocs de polystyrène en guise de sièges. Aucun lavabo à l'horizon. Les hommes attablés mangent leurs sandwichs, les mains encore pleines de poussière.
"Il y a des règles bien précises", tempête Ivo Léo, secrétaire pour l'artisanat chez Unia Fribourg. "Il doit y avoir des conteneurs avec des toilettes reliées à l'eau courante, des locaux de pause et des vestiaires avec des casiers pour qu'ils puissent fermer à clé leurs objets personnels." Il montre une pièce adjacente, utilisée comme vestiaire. Là encore, aucun mobilier pour ranger des habits ou des affaires. "Je précise bien que ce n'est pas ciblé", ajoute le secrétaire syndical devant les travailleurs réunis. "Aujourd'hui, la grande majorité des chantiers est dans cet état."

Les artisans ne sont pas insensibles au discours des syndicalistes, mais évitent de se mettre en avant. "Le premier à parler de ces problèmes a sa lettre de congé dans la main le lendemain", regrette l'un d'eux. Une crainte dont sont conscients les syndicats. "Cela peut être notamment des personnes migrantes, qui préfèrent se taire pour éviter de perdre leur permis ou d'être forcées de partir pour l'étranger", Yannick Ferrari, membre de la direction régionale d'Unia Fribourg.
Une campagne dans toute la Suisse
Ces problèmes sont moins courants dans le gros œuvre, généralement pris en charge par des entreprises plus grandes. Mais dans l'artisanat, comme la plâtrerie, la peinture ou les toitures, les équipes sont plus réduites et installer tout un dispositif est coûteux pour les entreprises. "On peut comprendre qu'ils n'aient pas envie de mettre tout cela en place pour quelques jours", concède Yannick Ferrari. "Il doit y avoir des discussions en amont du chantier entre la direction des travaux, le maître d'ouvrage et les entreprises pour savoir comment se coordonner et comment répartir la charge financière."
Pour interpeller les autorités, l'organisation lance un sondage auprès des artisans dans tout le pays. Plus de 300 personnes y ont déjà participé dans le canton de Fribourg pour faire part de leurs conditions de travail. À terme, les syndicats espèrent que les autorités cantonales investiront davantage de moyens pour effectuer des contrôles sur le terrain.