"Conditions indignes": Unia dénonce le chantier du MIC

Pas de vestiaires adaptés, trop peu de toilettes, absence de douches et travail au noir: le syndicat tire la sonnette d’alarme au chantier du MIC à Marly.

Unia pointe particulièrement du doigt l’entreprise fribourgeoise de gros œuvre Baiutti. © La Télé

Les travaux battent leur plein au Marly Innovation Center. Mais derrière l’image d’un site en plein essor, Unia dénonce une réalité bien moins reluisante pour les ouvriers. Selon le syndicat, les conditions de sécurité et d’hygiène sur le chantier sont largement insuffisantes.

Devant le futur hôtel du complexe, le désordre est manifeste: un camion décharge son matériel sur une place non prévue à cet effet, il n'y a pas de passage sécurisé pour les ouvriers, tandis que du matériel traîne au sol. "Ce genre de choses, ça ne paraît pas important. Et pourtant, c’est souvent le désordre qui amène des accidents", alerte Yannick Ferrari, membre de la direction régionale d’Unia Fribourg. "Des personnes peuvent trébucher, tomber sur du matériel. Le matériel peut lui aussi être abîmé puis utilisé par les employés qui sont sous pression."

Des installations jugées insalubres

À quelques pas de là, dans le village du chantier, Unia relève de graves manquements. "Dans ce container, on voit que les ouvriers ne peuvent pas mettre leurs objets personnels comme leur téléphone, porte-monnaie ou clef de voiture en sécurité dans un meuble fermé. De plus, cet espace sert de vestiaires et de salle de repos, ce qui est interdit", souligne Yannick Ferrari.

Le syndicat estime que ces installations sont surchargées. Pour une centaine d’employés, seulement six toilettes sont disponibles — sans papier, ni savon. Les travailleurs n’auraient par ailleurs pas accès à des douches. "Ces gens méritent de la dignité comme n’importe qui. Ils doivent être traités comme des employés standards, pouvant aller aux toilettes correctement, avoir un vestiaire pour se changer, des douches pour pouvoir se rincer de matériaux corrosifs. Ici, il n’y a rien de tout ça donc on estime qu’il faut du changement."

La Suva et le SPE réagissent

Du côté des organes de contrôle, la Suva confirme à La Télé avoir effectué plusieurs inspections. "Lors de chaque contrôle, des corrections ont été demandées suite à l’observation de manquements. (…) Ce n’est donc pas la Suva qui est garante de la sécurité sur un chantier, mais bien les entreprises qui y travaillent ainsi que les employés qui ont le devoir de signaler tous les manquements et de dire STOP en cas de danger."

Le Service public de l’emploi (SPE) indique de son côté avoir reçu une dénonciation en février dernier concernant les locaux sociaux. "Conformément à nos procédures, ces signalements entraînent en principe une visite de contrôle. Dans ce cas précis, l’organisation syndicale Unia a annoncé dès fin février avoir obtenu, directement auprès de la direction technique du chantier, des améliorations notables des conditions de travail. (…) Toutefois, suite aux informations récentes faisant état d’une possible dégradation des conditions, nous avons programmé un contrôle prochainement afin de vérifier la situation."

Une entreprise dans le viseur

Unia pointe particulièrement du doigt l’entreprise fribourgeoise de gros œuvre Baiutti. "Baiutti ne respecte pas, soit les normes d’hygiène, soit de sécurité ou de respect des travailleurs. Les employés trouvent que les locaux sont insalubres. C’est l’une des seules entreprises dans le gros œuvre qui agit comme cela", dénonce Yannick Ferrari.

Contactée, la direction de l’entreprise rejette les accusations. "L’entreprise Enrico Baiutti SA est très surprise des propos relayés par Unia. (…) Elle a fait l’objet de plusieurs contrôles de la SUVA et du SPE. En ce qui la concerne, aucun manquement n’a pu être constaté. Il n’en demeure pas moins qu’elle examinera avec l’attention requise les différents points soulevés par Unia et y donnera la suite qui convient."

La Télé - Cloé Pichonnat
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