Vers des dons d'organes facilités?
Le 15 mai, la Suisse décidera si elle souhaite adopter le principe du don d'organes présumé. Voici les enjeux de la votation.

En Suisse, 587 transplantations d'organes ont été réalisées en 2021. Ce chiffre est toutefois à relativiser puisque durant la même année, 1434 personnes étaient encore sur liste d'attente et 72 sont décédées, fautes d'organes arrivés à temps. La France, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie ou encore l'Autriche sont d'ailleurs déjà passés au système du consentement présumé. Ce changement de paradigme est soumis à la population suisse le 15 mai prochain.
Mais concrètement, qu'est-ce que ça signifie? "Ce que ça changerait, c’est que dans le cas où la situation n'est pas claire, on part de l’idée que la personne décédée aurait consenti à donner ses organes. Sinon, elle l’aurait fait savoir", informe le conseiller fédéral Alain Berset.
Aujourd'hui, les familles des défunts ne connaissent pas toujours la volonté des proches disparus sur la question. Dans le doute, elles préfèrent ne pas autoriser le don d'organe. "Le changement de loi doit permettre de rassurer les familles en leur disant que leur proche ne s'était pas opposé au don d'organes", affirme pour sa part le directeur du CHUV Philippe Eckert.
Manque d'éthique
Les opposants au scrutin dénoncent un manque d'éthique et le fait que cette loi serait contraire à la constitution qui garantit le droit à l’intégrité physique et à l’autodétermination. "On peut être pour le don d’organe et mettre non dans l’urne. Il s’agit juste de redéfinir le modèle d’autorisation, donc la manière dont on décide d’être donneur ou non", précise le vice-président du Parti évangélique suisse François Bachmann.
Lors du vote du Parlement, seuls quelques UDC ont rejeté la loi tandis que d'autres l'ont approuvée tout en soulignant certains points: "Un oui le 15 mai ne veut pas dire qu'il s'agit d'un oui automatique au don d'organe. La famille peut toujours s'y opposer. Le but de la loi est avant tout de faciliter l'accord de ces dernières", expose le Fribourgeois Pierre-André Page.
Réécoutez le débat entre François Bachmann (PEV) et Simon Zurich, vice-président de la Fédération suisse des patients:
Le 15 mai prochain le peuple suisse votera sur trois objets fédéraux issus tous les trois de référendums: la modification de la loi sur le cinéma, la modification de la loi sur la transplantation et la reprise du règlement de l’UE relatif au corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes (développement de l’acquis de Schengen), soit la participation de la Suisse à Frontex. Tous les articles, débats et éclairages sur le scrutin