"La communication transparente est la clé du management"

La Fribourgeoise Claire-Lise Rimaz est la première femme à devenir directrice de Swiss Leaders. Interview.

Claire-Lise Rimaz, future directrice de Swiss Leaders, explore les dynamiques émergentes du travail et du management. © La Télé

Vous deviendrez le 1er décembre directrice de Swiss Leaders, une association qui aide les managers à gérer leurs équipes dans un monde du travail en mutation, avec des défis tels que la flexibilité, les temps partiels, le télétravail, le burnout ou encore l'inclusivité. Vous êtes un peu un laboratoire du monde du travail, non?

Claire-Lise Rimaz: Absolument. Swiss Leaders est une association à but non lucratif fondée à Zurich il y a 130 ans par des contremaîtres. À l’époque, ils ressentaient le besoin d’échanger avec leurs pairs sur les problématiques de coordination et de management. Aujourd’hui, bien que certaines formes de management évoluent, un cadre de responsabilité est toujours nécessaire dans les entreprises.

Qu’est-ce qui fait un bon manager aujourd’hui?

C’est d’abord quelqu’un qui se connaît bien lui-même, capable de travailler avec ses forces tout en atténuant ses faiblesses. La communication transparente est également essentielle, que ce soit avec ses équipes ou les parties prenantes externes. Un bon manager doit favoriser la collaboration, éviter les pratiques de division, et surtout, avoir une vision globale et durable – sociale, économique et environnementale.

Qu'est-ce qui a changé dans le management aujourd'hui, notamment en ce qui concerne les rapports hiérarchiques?

Le pouvoir a effectivement changé de camp. Avec la pénurie de personnel qualifié, l’employeur ne peut plus tout décider et doit prendre en compte les attentes des employés. Cela a modifié la manière de manager, avec une écoute accrue des besoins des collaborateurs.

Comment attirer les jeunes, alors qu'ils attachent davantage d'importance à leur vie privée?

Il est important de comprendre ce que l’on entend par "jeunes". Prenons la génération Z, née après 1995. D’ici 2025, ils représenteront environ 30 % de la population active dans les pays de l’OCDE, mais près de la moitié ne sait pas quel métier ils vont choisir ni combien de temps ils le pratiqueront. Contrairement aux générations précédentes, ils ne s’engagent pas sur le long terme dans un métier. Ils privilégient une pensée organique, le "slashing", qui consiste à travailler dans plusieurs secteurs ou fonctions.

Leurs priorités sont claires : d'abord, les valeurs de l’entreprise, ensuite, la flexibilité (temps partiels, télétravail), puis le revenu. La sécurité de l’emploi est devenue moins importante pour eux, ce qui signifie que les employeurs doivent offrir davantage que de simples salaires attractifs pour attirer cette génération.

Et la semaine de quatre jours, en parle-t-on en Suisse?

La semaine de quatre jours est testée depuis plusieurs années en Europe. En Espagne, par exemple, après des tests sur la compensation des journées par des heures supplémentaires, ils ont opté pour une réduction du temps de travail de 10 % sans réduire les salaires. En Belgique, elle est inscrite dans le droit du travail, mais peu d'entreprises la choisissent. En Angleterre, après plusieurs années de tests, ils ont adopté la semaine de quatre jours payée cinq jours. Cela a entraîné une diminution de plus de 60 % des arrêts maladie et une amélioration du bien-être des collaborateurs. En Suisse, un projet similaire est en cours d’expérimentation. Certaines PME romandes ont déjà constaté une augmentation de leur productivité malgré une réduction du temps de travail.

Quels adjectifs vous définissent le mieux?

Je suis très active et j’ai besoin de me nourrir de nombreuses choses pour être épanouie.

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RadioFr. / La Télé - Karin Baumgartner / Adaptation web: Justin Schaller
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