Pain à 99 centimes: les boulangers s’insurgent

Plusieurs discounters vendent désormais une livre de pain pour moins d’un franc. Une baisse qui ne plaît pas aux boulangers fribourgeois.

Les boulangers ne voient pas la baisse des prix du pain d'un bon oeil (photo prétexte). © KEYSTONE

“C’est absurde!” Matthieu Walther, président de l’Association des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs du canton de Fribourg, ne comprend pas comment Aldi peut désormais proposer une livre de pain mi-blanc ou bis à 99 centimes. Le discounter a annoncé avoir baissé le prix de ces produits lundi. Selon Blick, il a directement été suivi par Denner et Lidl. Une diminution censée soulager les clients dont le pouvoir d’achat est en recul.

À ce niveau, ce n’est même plus de la concurrence.

Peut-on alors parler de concurrence déloyale entre les grands distributeurs et les boulangers? “À ce niveau, ce n’est même plus de la concurrence”, estime, abattu, Matthieu Walther. “Ce sont deux produits différents. On a des techniques artisanales, on touche nos produits et on a des longues fermentations pour dégrader le gluten”, explique ce boulanger d’Estavayer-le-Lac, mettant en avant les bienfaits pour la santé de ce dernier point. “Dans les techniques industrielles, on ne regarde que le prix”, déplore-t-il.

Des farines bon marché? 

Il explique la différence de prix entre son pain et celui de la grande distribution par la qualité des produits utilisés et par le processus de fabrication. “J’ai été dans une grande enseigne et ils vendaient du pain avec une farine IP-Suisse à quatre francs. Cela montre que, s’ils doivent utiliser les mêmes farines que nous, leurs prix ne sont pas si loin des nôtres”, souligne Matthieu Walther.

Interrogé par Blick, Aldi assure que ses pains proviennent principalement de Suisse. C’est le cas du “pain mi-blanc” et du “pain bis”, ainsi que des ingrédients utilisés pour leur fabrication.

Une livre? Quatre francs minimum!

Malgré cela, 500 grammes de pain à 99 centimes, c’est un prix loin de ce que Matthieu Walther estime être un montant correct. “Pour moi, une livre de pain, c’est minimum quatre francs”, estime-t-il. “La main-d’œuvre, c’est 50% du prix, les matières premières 30%, un petit pourcentage pour l’électricité ainsi que la location des locaux, et enfin, un petit 4% de bénéfice.”

Pour le Fribourgeois, les prix pratiqués par les discounters sont des prix d’appel censés attirer les gens pour qu’ils achètent d’autres produits sur lesquels ces magasins se font une plus grande marge. “Alors que pour nous, c’est notre gagne-pain”, rigole à moitié Matthieu Walther.

RadioFr. - Léo Martinetti
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