"Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là"
L'agriculteur fribourgeois de 33 ans, accusé de double assassinat à Sorens, a pu donner sa version des faits mardi devant la justice.

Le deuxième jour de son procès s'est tenu mardi à Granges-Paccot. En mars 2020, après une transaction qui n'avait pas abouti, il avait tiré sur deux hommes, puis caché leur corps dans la fosse à purin de son chalet, sur les hauts de Marsens.
Au deuxième jour du procès, durant l'audience, l'accusé n'a jamais présenté ses excuses à la famille des victimes. Mais d'une toute petite voix, il a exprimé du remords. "Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là. Comment j'ai pu enlever la vie à ces deux hommes. Ils ne méritaient pas ça."
Voici ce qu'a déclaré l'accusé, en pleurant, le dos courbé, le regard vers le sol, avec un chapelet dans les mains. Le trentenaire a aussi expliqué qu'il pensait au drame tous les jours en prison et qu'il priait pour les victimes, ce qui a fait bondir sur leur chaise les épouses des deux hommes décédés, deux Vaudois d'origine macédonienne.
Long interrogatoire de l'accusé
L'interrogatoire de l'assassin présumé a duré plusieurs heures. La présidente du Tribunal a essayé d'obtenir des réponses claires de l'accusé. Nous avons retranscrit ici un extrait de l'échange.
La présidente: A quel moment en êtes-vous venu à imaginer comment vous alliez tuer deux êtres humains pour une histoire d'argent, en plus pour une somme qui n'est pas astronomique, on parle ici de 34'000 francs que vous deviez leur rendre?
L'accusé: Je me sentais menacé.
La présidente: Mais par quoi? La seule menace que vous avez reçue, c'est l'une des victimes qui vous dit par téléphone: rends-moi mon argent, sinon ça va barder.
L'accusé: Je ne sais pas, j'étais désespéré, en détresse.
La présidente: Mais pourquoi n'avez-vous pas demandé de l'aide à vos proches, à vos parents, à votre copine ?
L'accusé: Depuis toujours, j'ai appris à m'en sortir seul, on ne m'a pas appris à demander de l'aide. J'étais au bout du rouleau, je n'ai pas fait les bons choix. C'est seulement en prison que j'ai réalisé le mal que j'avais fait.
Le procès se poursuit mercredi avec les plaidoiries du Ministère public et des avocats. Le verdict sera connu le 1er mars. L'accusé risque la prison à vie.