Police de Lausanne: quatre nouveaux agents suspendus
Quatre procédures de suspension immédiate ont été initiées lundi par la Ville de Lausanne, en lien avec les messages discriminatoires ayant circulé entre policiers lausannois sur des groupes WhatsApp. Celles-ci s'ajoutent aux quatre procédures annoncées lundi dernier.

"Toutes les personnes ayant envoyé les images diffusées lors de la conférence de presse et travaillant encore au Corps de Police de Lausanne font partie de ces huit mesures de suspensions immédiates", a indiqué lundi la Municipalité dans un communiqué. "Au vu des connaissances actuelles, il n’y aura pas de suspension supplémentaire liée à l’enquête administrative", précise le document.
La Ville ajoute qu'elle est en train de mettre sur pied, "avec une grande étude d'avocats", une structure destinée aux policiers. Celle-ci doit permettre aux membres des forces de l'ordre "de pouvoir parler de manière totalement confidentielle".
Discrimination systémique...
La Municipalité de Lausanne avait révélé lundi dernier l'existence de deux groupes WhatsApp fermés depuis 2023, comptant respectivement 6 et 48 membres ayant tous appartenu à un moment donné à la police lausannoise. L'exécutif avait exposé quelques-uns de ces messages, entre "blagues" racistes et sexistes, propos homophobes, apologie du nazisme ou du KKK et autres moqueries contre les personnes handicapées.
La Municipalité, présente in corpore, s'était dite choquée et avait annoncé des mesures, dont une première série de suspensions. Elle avait précisé ne pas souhaiter uniquement punir, mais également mener "une réforme en profondeur". André Duvillard, ancien délégué du réseau national de sécurité et ancien commandant de la police neuchâteloise, a été chargé de cette mission.
Le syndic, Grégoire Junod, avait encore reconnu "un problème de discrimination systémique à traiter". Le municipal en charge de la police, Pierre-Antoine Hildbrand avait déclaré que l'image de la police lausannoise a été "gravement entamée" et évoqué "une tache sur l'uniforme qu'il faut nettoyer".
...mais pas de racisme généralisé
Dans son communiqué de lundi, la Municipalité précise cependant que l'intention de l'utilisation des termes 'systémiques' ou 'structurels' "n’a jamais été de dénoncer un racisme généralisé au sein de la Police municipale de Lausanne, mais au contraire de reconnaître que la structure et le fonctionnement actuels de la police ne sont pas en mesure de détecter, de traiter et d’empêcher les dérives de ce type (...)".
L'exécutif profite par ailleurs de cette communication pour "remercier le Corps de police pour son engagement dans la réforme à venir" et lui témoigner sa "reconnaissance" pour son travail quotidien. "Nous savons à quel point c’est un métier difficile en contact permanent avec la délinquance, la souffrance, la misère, l’extrême solitude. Or, nous voulons que chacune et chacun puisse être fier de travailler à la Police municipale de Lausanne".
Gendarme vaudois inquiété
A noter qu'un gendarme de la Police cantonale vaudoise, ayant précédemment appartenu au Corps de police lausannois et fait partie d'un des groupes WhatsApp concernés, fait également l'objet d'une procédure interne. Des sanctions pourraient être prises à son encontre, avait indiqué mercredi dernier le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos.
Pour rappel, ces groupes WhatsApp privés avaient été révélés par le Ministère public vaudois, qui avait été saisi à la suite de la diffusion par la RTS d'une photo montrant un policier, le pouce levé devant un graffiti "RIP Mike", du nom du Nigérian décédé en 2018 après une intervention policière musclée.