Un Fribourgeois décortique le cinéma d'animation sur YouTube

Sur sa chaîne, le jeune réalisateur fribourgeois Henri Marbacher nous emmène dans les coulisses de l'image animée.

Henri Marbacher a ouvert sa chaîne YouTube le 15 novembre 2021. © Frapp

En 2019, Henri Marbacher termine ses études en cinéma à la Haute École d'Art et de Design de Genève (HEAD). Son diplôme en poche, le jeune homme veut continuer à faire du cinéma d'animation, mais aussi en parler, l'analyser, le faire découvrir. Pour cela, YouTube lui semble un endroit tout indiqué. "J'ai toujours été un grand consommateur de la plateforme et ce qui me frappait le plus, c'était à quel point je pouvais m'y perdre et me passionner pour des sujets dont je me fichais quelques minutes auparavant."

Comme la plupart de ses amis l'appellent Riton, Henri baptise sa chaîne Riton Animation. Sur celle-ci, on trouve principalement des anecdotes sur l'histoire du cinéma d'animation, des premiers trucages de Georges Méliès en passant par le rotoscope de Fleischer. Des étrangetés où se mêlent technologie et fantasmagorie.

Pour garder son sujet accessible, le vidéaste n'hésite pas à convier l'humour dans son montage. Mèmes, effets sonores, extraits de films, tout y passe. De plus, Henri peut compter sur la complicité de son jumeau Léo qui assure la prise de son lors du tournage et n'hésite pas à le relancer lorsqu'il s'empêtre dans son discours.

Économie de moyens

Au départ, les vidéos de la chaîne étaient entièrement réalisées en dessin animé. Une façon de faire laborieuse et chronophage qu'Henri abandonnera vite. Il se tourne alors vers un autre format, beaucoup plus répandu sur YouTube: le facecam. Il choisit pour décor l'atelier qu'il loue avec son frère à la Maison des Artistes à Givisiez, juste au-dessus de celui des frères Guillaume, grands noms de l'animation helvétique.

Plutôt que d'installer un décor harmonieux, Henri préfère conserver l'aspect parfois chaotique des ateliers d'artistes. "Quand j'ai commencé à tourner la première vidéo, on était encore en train d'installer notre studio. Comme il n'était pas encore présentable, on a préféré tourner devant notre réserve de bois. Aujourd'hui, le studio est terminé mais la caméra est toujours au même endroit."

Autoportrait d'Henri tel que représenté dans les premières vidéos

Aux origines d'une passion

Lors de sa dernière année à la HEAD, Henri doit réaliser un film de fin d'études. Pour cela, il souhaite raconter le voyage de son ami Agìr, un ami kurde originaire de Syrie. Mais le duo se retrouve face à plusieurs problèmes: impossibilité de se rendre sur place, plusieurs lieux clés de l'histoire détruits, etc. Retourner filmer sur le territoire syrien est chose impossible.

Pour porter ce récit au cinéma, une seule solution semble exister. "J'aimais dessiner, mon frère est illustrateur et la voix documentaire de mon ami était suffisamment forte pour qu'on puisse en faire quelque chose. C'est vraiment avec ce projet que j'ai découvert ce qu'était le cinéma d'animation en tant qu'auteur." Cette expérience, Henri ne s'en est jamais remis.

Bande annonce de Tente 113, Idomèni:

"Se rendre compte que c'est possible"

Comme les frères Guillaume, qui habitaient son quartier quand il était petit, l'ont grandement influencé, Henri Marbacher espère réussir à inspirer le public de ses vidéos. "Quand on parle d'animation en Suisse, c'est déjà impressionnant quand on se rend compte que c'est possible."

A l'heure actuelle, Henri compte 332 abonnés sur sa chaîne. La plupart sont suisses, mais son public est aussi français et dans une moindre mesure belge et québécois. Même s'il se réjouit de cette communauté bienveillante, il n'espère rien pour la suite. "Je sais très bien comment fonctionne YouTube et je sais que je n'en vivrai jamais. Mais tout est bon à prendre, et même si rien de plus ne se passe, je continuerai!"

Frapp - Dimitri Faravel / Avec la participation de Noah Pauchard
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