Parkinson: un nouveau traitement mis au point à Marly

La société InnoMedica s'apprête à démarrer les premiers essais cliniques sur 12 patients. Les résultats sont prometteurs.

La responsable de recherche Camille Peitsch. A l'arrière-plan, des collaborateurs d'InnoMedica remplissent des fioles dans une salle blanche. © RadioFr.

Ils vont démarrer le 6 décembre prochain sur douze patients, âgés de 65 à 80 ans. Tous suivent déjà un premier traitement contre la maladie de Parkinson, une maladie qui provoque des tremblements et des raideurs musculaires. Ce traitement fribourgeois, développé par la société InnoMedica, viendrait le compléter. Swissmedic vient de donner son feu vert.

"C'est une grande satisfaction. C'est l'aboutissement de cinq années de travail, des années de recherche intenses", commente avec fierté Camille Peitsch, responsable de la recherche au sein d'InnoMedica, une société basée au Marly Innovation Center (MIC) à Marly, et qui emploie une cinquantaine de collaborateurs. Lors de ces essais cliniques, de phase 1, le but est de s'assurer que le produit n'est pas toxique et d'étudier les éventuels effets secondaires sur les humains.

Molécule neuroprotectrice

Ce traitement qui s'apprête donc à être testé sur douze patients et patientes contient notamment une molécule spéciale, la GM1. Connue depuis plus de 50 ans, ses propriétés sont nombreuses: cette molécule protège les neurones, stimule les interconnexions entre elles. Elle est aussi anti-inflammatoire. Elle a donc du potentiel pour freiner la progression de la maladie de Parkinson. Cette molécule est déjà sur le marché en Chine, au Brésil et en Argentine. Là où InnoMedica a innové, c'est dans la manière d’administrer le traitement.

Des essais réalisés aux Etats-Unis en 2013 avaient déjà abouti à de très bons résultats. "Sauf que le traitement était injecté deux fois par jour sous la peau des patients, ce qui a provoqué de nombreux effets secondaires, des rougeurs, des irritations, des hématomes et de vives douleurs", commente Camille Peitsch, employée depuis plus de quatre ans chez InnoMedica. Les chercheurs de l'entreprise fribourgeoise injectent donc le traitement dans le sang, ce qui doit considérablement réduire ces effets néfastes.

"On administre ce traitement par injection intraveineuse. La molécule GM1 est en quelque sorte emballée dans une sorte de ballon de foot fait de lipides", décrypte Camille Peitsch. De cette façon, la molécule peut ainsi circuler dans le sang et parvenir jusqu'au système nerveux, au cerveau notamment, en faisant moins de mal au reste du corps. Il s'agit d'une nanotechnologie de pointe: "on parle là de millionième de millimètre".

La méthode, très prometteuse, pourrait aussi être utilisée pour combattre la maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative grave qui provoque la paralysie des muscles. Là aussi, InnoMedica a déjà testé l'efficacité de ce traitement sur des souris. Des premiers essais sur des patients et patientes atteints de la maladie de Charcot devraient démarrer au printemps 2022.

Mais la société marlinoise est aussi et surtout active dans la recherche en oncologie. Dans ce domaine, elle vient de développer un nouveau type de chimiothérapie, dont les premiers résultats, sur des cancers du sein, sont également encourageants. Un traitement inoculé d'une manière similaire, dans le sang et transporté jusqu'à la tumeur en étant emballé dans une sorte de ballon fait de lipides. "Une sorte de ballon de basket, cette fois", sourit Camille Peitsch.

Moins d'effets secondaires

D'après les premières données, cette chimiothérapie serait aussi efficace que les autres pour attaquer les tumeurs, mais en étant moins agressive pour le corps. Selon la responsable de la recherche d'InnoMedica, cette chimiothérapie provoque moins d'effets secondaires comme la perte de cheveux, des vomissements ou des problèmes sur le cœur.

Après des tests sur les animaux et un premier essai clinique encourageant sur 30 patientes atteintes d'un cancer du sein, une autre étude est actuellement en cours, elle implique 14 personnes. L'été prochain, d'autres tests doivent être réalisés, à plus grande échelle: ils doivent être menés sur 200 personnes, dans différents hôpitaux, suisses et étrangers. Les résultats obtenus seront alors comparés avec les traitements traditionnels, déjà existants. S'ils sont concluants, cette chimiothérapie pourrait être mise sur le marché fin 2022 ou début 2023, selon InnoMedica.

RadioFr. - Maëlle Robert
...