Une petite histoire du Carnaval
Une période de jubilation avant un temps de contemplation: retour sur les racines de cette tradition avec l'historien Alain-Jacques Tornare.
La saison des carnavals est sur le point de recommencer. Confettis colorés, costumes inoubliables et Guggenmusiks endiablées: ces images sont fortement ancrées dans l'imaginaire collectif. Mais d'où proviennent-elles?
Le carnaval plonge ses racines dans l’époque médiévale, lorsque les populations souhaitaient se défouler avant d’entamer le carême. Il s’agissait de “faire les fous, se remplir la panse et bien manger”, comme l’explique l'historien Alain-Jacques Tornare. Dans le canton de Fribourg, le carnaval est lié à une tradition européenne commune, où tout le monde peut participer à cet événement, sans distinction de classe.
Ces fêtes incluent l'utilisation de masques, des festins et l'inversion de l'ordre du monde. Le déguisement symbolise la possibilité d’échapper au regard de la société. "Quand on fait des débordements, il vaut mieux ne pas se faire reconnaître", souligne Alain-Jacques Tornare. Autrefois, porter un masque permettait également aux femmes de participer aux festivités, qui étaient majoritairement réservées aux hommes. Les caricatures d'animaux, voire des parodies des autorités ecclésiastiques, étaient représentées.
Le carnaval a suscité quelques remous au fil des siècles. Par exemple, “les jésuites et les autorités laïques l’ont interdit en 1574”, rappelle Alain-Jacques Tornare, car ils y voyaient une forme de débauche. Pourtant, la ferveur populaire a vite repris le dessus: au 18e siècle, la jeunesse patricienne a insisté pour faire revivre ces fêtes. Dans certaines régions, la Réforme, dont Luther et Calvin ont porté les idées, a tenté de l’interdire. Malgré tout, le désir de s’amuser a toujours fini par l’emporter.
Plus récent qu’il n’y paraît
Contrairement à une idée répandue, le carnaval n’a pas toujours été célébré de manière ininterrompue dans le canton de Fribourg. À Bulle, le Corps de Musique de la ville a recréé le carnaval en 1905. Cependant, la fête a connu des hauts et des bas, puisqu’entre 1965 et 1975, des bals masqués ont remplacé les cortèges traditionnels. Plus tard, le Football Club de Bulle a décidé de reprendre à son tour l’organisation, redonnant un nouveau souffle à la fête.
La tradition du Rababou, elle, ne date pas du Moyen-Âge. Selon la légende, il s’agissait d’un voleur de bois qui parcourait les forêts environnantes pour ravitailler la Basse-Ville. Elle est revenue au centre des festivités lorsque des habitants motivés ont relancé le carnaval dans les années 1970. L’événement que tout le monde connaît aujourd’hui est donc relativement récent.