Dermatose bovine: inquiétudes chez les paysans de la région
Faut-il abattre tout un troupeau pour quelques vaches malades? La question hante les éleveurs de la région face à une épidémie proche de nos frontières.

Une épidémie de dermatose nodulaire contagieuse frappe les troupeaux de bovins en Savoie, en France. De nombreux animaux ont déjà été abattus pour tenter de freiner la propagation de cette maladie virale. À plusieurs kilomètres de là, dans notre région, cette situation alarme les agriculteurs. Ils redoutent l'arrivée du virus, mais plus que tout, l'application de mesures sanitaires aussi drastiques que nos voisins sur leur propre bétail.
La dermatose nodulaire contagieuse se transmet principalement par les insectes piqueurs comme les moustiques, les mouches et les taons. Pas dangereuse pour l'être humain, même en consommant des produits issus d'animaux malades, elle se manifeste chez les bovins par plusieurs symptômes qui peuvent fortement impacter un élevage: fortes fièvres, apparition de nodules ou encore chute de la production de lait.
Face à la progression de l'épidémie en France, les autorités suisses ont réagi. Des campagnes de vaccination obligatoire ont été mises en place pour de nombreux troupeaux dans les cantons de Genève et du Valais afin de créer une zone tampon.
Si dans notre région, les troupeaux ne sont pas soumis à l'obligation de vacciner, l'inquiétude est palpable. "Mes animaux sont dehors, ils ont bien sûr contact avec des moustiques et des taons qui pourraient être infectés", craint Steeve Daenzer, agriculteur à la ferme de la Rosette aux Moulins. "Quand on voit ce qu'il se passe en France, on se pose beaucoup de questions. Est-ce que ça va venir ou pas? Est-ce que les vaccins vont suffire?"
Scénario inconcevable
Les paysans n'osent pas s'imaginer devoir perdre leurs animaux. "Pour moi, ce serait inconcevable de devoir abattre mon troupeau", déplore David Fragnière, agriculteur à Guin. "On a des éleveurs passionnés, qui aiment leur métier, leurs animaux, autant que leur famille. J'en fais partie."
Aucun cas de dermatose n'a pour l'heure été signalé en Suisse, qui compte sur la vaccination pour empêcher la maladie de nous atteindre. Celle-ci est obligatoire pour tous les bovins, buffles et bisons présents dans les zones de surveillance, souligne le site de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Les détenteurs d’animaux sont tenus d’annoncer immédiatement tout symptôme suspect à leur vétérinaire.
Mais si un cas de dermatose est avéré, et que le troupeau n'est pas immunisé, alors les conséquences pour les éleveurs suisses seront les mêmes qu'en France. Une règle qui interroge. "On est quand même dans l'incompréhension, ce sont des mesures drastiques", regrette Steeve Daenzer. "Le taux de mortalité chez les animaux est bas. Qu'on euthanasie des animaux malades, je n'ai aucune objection. Mais tout le troupeau? Les bêtes qui survivent sont de l'immunité pour lutter contre la maladie", défend-il.
De son côté, David Fragnière souhaiterait avoir plus d'informations de la part des autorités, et la possibilité de vacciner rapidement son troupeau. "Le temps d'incubation du vaccin est de trois semaines. Si je pique aujourd'hui, je peux très bien avoir un cas et quand même devoir abattre mon troupeau. Même si la maladie est encore loin, ça peut aller vite."