Coup d'accélérateur à l'éolien

Selon le Conseil fédéral, les grandes installations éoliennes et hydroélectriques devraient voir le jour plus rapidement.

Simonetta Sommaruga a plaidé jeudi pour une accélération des procédures pour les installations hydroélectriques et éoliennes. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX

"Un approvisionnement sûr en électricité passe par une augmentation des énergies renouvelables", a rappelé jeudi la ministre de l'énergie Simonetta Sommaruga devant les médias. Le chemin est toutefois souvent long avant la pose de la première pierre d'une installation hydroélectrique ou éolienne.

Une seule voie de recours

"Les procédures de planification et d'installation peuvent durer jusqu'à vingt ans", a-t-elle expliqué. L'une des raisons est la multiplication des voies de recours contre les autorisations de construire, de défrichement, sur la protection des eaux ou encore les droits d'expropriation.

"Les opposants peuvent aller jusqu'à quatre fois devant le Tribunal fédéral", a souligné la conseillère fédérale. "Chaque autorisation coûte de l'argent et du temps. Les entreprises préfèrent alors investir à l'étranger, et la Suisse n'en profite pas."

Le co-président des Vert.e.s fribourgeois Julien Vuilleumier estime que les ressources éoliennes sont un complément nécessaire aux ressources d'énergie déjà utilisées. "Ce qu'il faut prendre en compte, c'est qu'il y a des critères très précis en termes d'implantation, en termes de respect des conditions liées au paysage, à la biodiversité, à la protection de la faune. La plupart du temps, ces mesures sont respectées", explique ce dernier. "Il convient donc maintenant d'avoir des processus qui puissent être un peu accélérés tout en gardant le droit d'opposition des organisations et cette possibilité de débat démocratique", ajoute encore Julien Vuillemier.

Pour écouter Julieu Vuilleumier

Des simplifications s'imposent. Toutes les procédures doivent être réunies en une seule. Les associations environnementales ou tout autre opposant pourront toujours recourir, mais en même temps. "Le problème des procédures à rallonge est ainsi résolu sans pour autant empiéter sur la protection de la nature ou de l'environnement." 

Antoinette de Weck, membre du PLR ainsi que de Paysage Libre Suisse, estime pour sa part qu'assimiler les installations hydroélectriques aux installations éoliennes n'est pas efficace. "Les grandes éoliennes produisent une énergie intermittente. C'est-à-dire que quand le vent ne souffle pas, l'éolienne ne tourne pas. Et ce n'est pas avec ça qu'on va réussir à assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique", explique cette dernière.  

Par ailleurs, l'installation de nouvelles éoliennes pose un autre problème selon la PLR puisqu'elle porte atteinte à la démocratie. "La population a le droit de s'exprimer sur des projets qui la touche directement", s'exprime-t-elle encore. Selon elle, ce sont les cantons qui sont consultés, pas les communes directement impactées par ces modifications.

Pour écouter l'opinion d'Antoinette de Weck

Importance systémique

Les nouvelles mesures ne valent que pour les grandes installations, qui jouent un rôle significatif dans l'approvisionnement du pays en électricité. La Confédération en dressera la liste. Pour ce faire, elle prendra en compte la production annuelle moyenne attendue ou estimée et la contribution à la production d’électricité en hiver.

L'instrument devrait éviter les arrêts de renvoi, comme celui rendu par le Tribunal fédéral sur l’agrandissement du barrage du Grimsel. "C'est une déclaration claire à l'attention des tribunaux que l'installation en question est un bien important pour notre pays", a expliqué Simonetta Sommaruga.

Dans de tels cas, les juges font preuve d'une certaine réserve. Ils respectent généralement les décisions des autorités, a complété Stephan Scheidegger, directeur suppléant de l’Office fédéral du développement territorial, en soulignant qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle pratique.

Déductions fiscales

L'énergie solaire n'est pas oubliée du projet. Les investissements dans l'installation de panneaux solaires sur de nouvelles constructions doivent pouvoir être déduits des impôts. Actuellement, seuls les coûts engagés pour des rénovations sont déductibles.

"Les propriétaires construisent donc souvent des bâtiments sans panneaux solaires", a relevé la ministre. "Ils attendent ensuite quelques années pour les installer lors d'une rénovation." Une telle incitation négative doit être supprimée.

L'obtention d'une autorisation pour les panneaux solaires sur les façades doit aussi être facilitée. Une procédure d’annonce devrait suffire. Mais les cantons pourront continuer d'exiger une autorisation dans les zones protégées.

Pour le moment, le Conseil fédéral ne souhaite pas introduire d'obligation d'exploiter l'énergie solaire sur toute nouvelle construction s'y prêtant. Il soumet toutefois cette option lors de la consultation.

ATS / RadioFr. - Lauriane Schott / lp
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