Une ex-candidate garde-faune a été discriminée à l'embauche

La justice fribourgeoise donne en partie raison à une femme qui avait postulé à six reprises en dix ans pour devenir garde-faune.

Pour le Tribunal cantonal, cette Fribourgeoise a été discriminée à l'embauche en raison de son genre. © KEYSTONE

Elle rêvait de devenir la première garde-faune du canton de Fribourg. Un rêve auquel elle s'est accrochée. Pour y parvenir, elle a postulé six fois en dix ans, la première tentative remonte à 2011. 

Mais pourquoi n'a-t-elle jamais été embauchée? Parce que c'est une femme. Cette Fribourgeoise en était convaincue, la justice fribourgeoise lui donne en partie raison. 

Un service machiste 

Dans son arrêt du 6 mars 2024, le Tribunal cantonal emploie des mots durs pour qualifier le climat qui régnait entre 2011 et 2019 au sein du Service de la forêt et de la nature du canton de Fribourg: un climat délétère et machiste. Un service dans lequel les hommes régnaient en maître dans les postes à responsabilité et où les commentaires sexistes étaient légion.

Cette femme en a souffert, notamment lors d'une session d'examen. Selon le Tribunal, elle a dû subir des propos désobligeants et méprisants. 

La justice rappelle aussi que pendant cette période, le Service des forêts et de la nature a fait l'objet de plusieurs instruments parlementaires qui remettaient en cause son fonctionnement, et notamment sa façon de recruter. 

Des versions divergentes

Le Tribunal cantonal rappelle également que par deux fois, la candidature de cette femme a été écartée avec de fausses excuses. Le Service a prétexté un niveau de français insuffisant, alors qu'elle est bilingue. 

Et surtout, en 2019, la candidate n'a pas du tout été reçue pour un entretien, alors que cela avait été le cas par le passé. Dans ce cas, le Service de la forêt et de la nature s'est d'abord justifié en disant que son choix s'était porté sur une candidature plus compétente, mais il a ensuite soutenu que c’était un problème de personnalité et que cela avait été l'élément décisif pour ne pas la sélectionner.

Vers un changement de mentalité

Des fausses excuses qui ne passent pas pour la justice. Cette Fribourgeoise recevra donc deux mois de salaires de garde-faune payés par le canton de Fribourg. 

Le Tribunal cantonal souligne aussi le fait que cette femme, par ses démarches, a fait évoluer les mentalités au sein du Service de la forêt et de la nature. Car depuis novembre dernier, le canton de Fribourg compte une femme garde-faune... la première du canton. 

RadioFr. - Vincent Dousse
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