Une journée de rencontre pour la Grève féministe à Fri-Son

Près de 250 personnes de toute la Suisse se sont réunies ce samedi à Fribourg. Interview avec Marie Spang, organisatrice de ces assises nationales.

En 2019, plus de 500 000 personnes s'étaient mobilisées pour la Grève féministe du 14 juin. © Grève féministe

Fri-Son a accueilli samedi les assises nationales de la Grève féministe. Au total, près de 250 militantes, issues des quatre coins du pays, se sont réunies toute la journée pour finaliser l’Appel à la grève 2023 prévue le 14 juin prochain.

Depuis la dernière grande mobilisation de 2019, "les reculs ont pris le pas sur les avancées", regrettent-elles.

Entretien avec Marie Spang, membre de la grève féministe Fribourg et membre de l'équipe d'organisation des assises nationales de la grève féministe 2023.

RadioFr. : Qu'est-ce que ce sont les assises nationales ? 

Marie Spang : C'est l'aboutissement d'un processus d'élaboration de revendications claires en vue de la grève du 14 juin 2023 qui a commencé au mois de décembre. C'est une journée où plus de 250 personnes se sont réunies à Fri-son, à Fribourg, pour établir démocratiquement un appel à la grève.

Sur quelles revendications voulez-vous mettre l'accent cette année ?

MS : Ce serait difficile de toutes les évoquer d'un coup. On a voté pour dix revendications qui ont été sélectionnées aujourd'hui. Il y a entre autre, l'abolition du système des trois piliers de retraite, des mesures systématiques à l'échelle nationale contre les violences sexistes et sexuelles, un congé parental d'au moins un an, des questions liées à l'asile féministe et au permis de séjour... On touche plein de domaines différents.

Depuis la dernière mobilisation en 2019, rien n'a vraiment changé ?

MS :  On ne peut pas dire qu'il n'y a rien eu. Il y a des choses qui ont changé, comme le mariage pour tous, le congé paternité, qui reste quand même encore médiocre. Dans l'espace public, aussi, il y a du changement, dans les médias, on commence à utiliser le terme "féminicide", par exemple. Mais cela ne règle pas les problèmes. Au niveau institutionnel, on voit qu'il n'y a pas eu d'énormes avancées et c'est pour cela que nous nous rassemblons aujourd'hui.

Qu'est-ce qui pêche encore ?

MS : Beaucoup de choses. On le voit avec la réforme AVS21, la prévoyance vieillesse se passe mal. En termes de violences sexistes et sexuelles, là aussi, on a peu de différences. De manière générale, les discriminations racistes, validistes sont toujours bien trop présentes dans la société. 

Comment remobiliser les troupes et faire que le mouvement ne s'essouffle pas ?

MS : Les mobilisations sociales demandent beaucoup de travail. Nous, on fait du travail sur le terrain, on va rencontrer les gens, écouter leurs besoins, et on voit que ça fonctionne. Le moment ne s'essouffle pas, car le propre d'un mouvement, c'est de changer et là, il est encore en train d'évoluer.

Le 8 mars, le 14 juin, en quoi ce genre d'actions peut apporter un changement ?

MS : Ce sont des actions essentielles. Il faut qu'il y ait une pression de la rue sur les politiques. Il faut que le peuple puisse exprimer sa volonté féministe, car on sait que les volontés sont là. En 2019, il y avait plus de 500'000 personnes dans les rues en Suisse. C'est un mouvement qui doit continuer à avancer pour que l'on ait de vraies politiques féministes.

Quelle est l'évolution de ce mouvement à Fribourg ?

MS : Le mouvement à Fribourg est assez impressionnant, car on n'a pas l'habitude à Fribourg de se mobiliser. On est encore dans un contexte très conservateur. En 2019, on a eu 12'000 personnes dans les rues de Fribourg. Là, on continue à faire le travail. On s'est mobilisé de nombreuses fois à Fribourg. C'est un plaisir de voir que les gens sont toujours prêts à descendre dans la rue et je n'ai pas de doute que ça va continuer pour ce 14 juin.

Quels sont les objectifs en termes de mobilisation cette année ?

L'objectif, c'est que les gens descendent dans la rue. On sait qu'on a toute une grande partie de la population qui est d'accord avec nous. L'objectif, c'est que notre message soit entendu, que les gens se mobilisent dans la rue, chez eux, sur leur lieu de travail, dans leur lieu d'étude, qu'il y ait une grève de la consommation. Il faut que ce soit une grève générale, c'est ça qu'on attend.  

RadioFr. - Mehdi Piccand / adaptation web : Laetitia Mesot
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