Les seniors bientôt privés de danse au Mouret
Un projet immobilier condamne le Pafuet, qui accueille depuis des décennies des bals dansants aujourd'hui très prisés des aînés.
Un jeudi après-midi au Mouret. Sur le côté de la route, des notes d'accordéon s'échappent du Palais de la Danse. L'établissement accueille chaque jeudi et samedi des seniors venus souvent de loin pour danser, boire un verre et simplement partager un moment de convivialité. Mais après plus de 70 ans d'histoire, le Pafuet - comme tout le monde l'appelle - va tirer sa révérence: un projet immobilier prévoit la construction d'un immeuble et de villas sur cette parcelle, qui compte aussi une pizzeria. Le Conseil communal a donné son préavis positif.
Entre deux valses, de nombreux habitués expriment leur regret face à la fermeture, d'ores et déjà prévue pour le 31 mars 2025. "Ce sera un deuil à faire", souffle Roselyne, une Lausannoise qui vient depuis une vingtaine d'années. "On a de moins en moins d'endroits pour les personnes du troisième âge." Georgette, dynamique Valaisanne, renchérit: "On ne saura plus où aller." Mario pointe du doigt le parquet à chevrons: "On n'en retrouve plus des comme ça aujourd'hui", s'inquiète le Singinois. "Le problème, c'est que l'argent est au centre de tout!"
Beaucoup évoquent leurs souvenirs amassés dans ce lieu chargé d'histoire, construit à une époque où les grandes salles de danse étaient populaires. "Je venais déjà au Pafuet quand j'avais 16 ans. C'est là que j'ai rencontré mon premier petit ami", raconte Viviane, résidente d'EMS à mobilité réduite. "Je ne me sens pas différente des autres quand je suis ici. On est au bal!" Au-delà de la clientèle, une petite dizaine de musiciens régalent chaque semaine le public, sur des pas de tango, bachata ou encore fox-trot.
Gérante du Palais de la Danse depuis bientôt deux ans, Eveline Maradan estime avoir tout tenté pour sauver le site. "J'ai approché le service des biens culturels et Pro Fribourg, mais on ne va pas pouvoir sauvegarder ses murs", assure cette retraitée. Une pétition signée par près de cent personnes a été transmise il y a quelques jours à l'exécutif, qui en prendra connaissance.
Projets déjà envisagés
Malgré tout pleine d'espoir, Eveline Maradan n'exclut pas de se mettre à la recherche de nouveaux lieux qui pourraient accueillir les centaines de fidèles de la vénérable salle de danse. En attendant, ces derniers promettent que si l'aventure s'écrivait ailleurs, ils accourraient sans hésitation.
