Marie Riley: "Je me sens à ma place dans Les Dicodeurs"
Animatrice radio, entrepreneuse et maman, mais aussi musicienne, la Fribourgeoise évoque ses multiples casquettes. Interview.
RadioFr: Comment vous sentez-vous un an après avoir remplacé l'emblématique Laurence Bisang?
À ma place, je ne peux pas le dire autrement, je me sens très à ma place dans cette émission. Ça a été assez rapide en plus, je ne m'attendais pas à ce que ça aille si vite et si bien, mais je pense que cela tient beaucoup au fait que les Dicodeurs et les Dicodeuses m'ont accueillie à bras ouverts.
C'est une émission d'humour, et vous disiez qu'il faut découvrir les blagues en même temps que le public.
Oui, je fais très attention à ne rien savoir de ce qui va se passer dans l'émission, même pendant les répétitions. Si je dois encore écrire quelque chose dans ma conduite, c'est comme ça qu'on appelle le déroulé de l'émission, je n'écoute pas trop les sketchs s'ils sont répétés, ni les chansons, parce que j'aime découvrir en même temps que les auditeurs et auditrices. Pareil pour mes invités, je ne fais pas connaissance avant.
Qu'est-ce qui vous plaît tant dans le fait de faire de la radio?
Je suis passionnée par ce média-là, par le service public, par l'idée d'accompagner les gens chez eux, d'être là un petit peu pendant qu'ils préparent leur repas de midi, par exemple. Je suis une petite voix dans une boîte posée sur la cuisine et j'aime bien être chez les gens. Pour Les Dicodeurs, ce que j'aime avant tout, ce sont les rencontres. Je suis partout en Suisse romande, chez des gens que je ne rencontrerais pas autrement, dans des endroits où je n'irais pas, des salles communales, des salles de gym, des bistrots. Et je trouve cela assez exceptionnel, on sort des studios, c'est génial.
Vous avez d'autres casquettes: animatrice, productrice, blogueuse, spécialiste en communication, et vous avez décidé de mettre vos compétences au service de la mort avec votre entreprise "Good Mourning". Pourquoi?
Déjà parce que je l'ai vécu de très près en perdant mon père et mon fils en l'espace d'une semaine, il y a 20 ans de cela. Je me suis remise de ces décès-là et je pense qu'il y a quelque chose à accueillir dans la mort, c'est le fait que c'est inéluctable. Avec mon ami Gianni, avec qui j'ai créé cette entreprise, nous accompagnons des personnes qui soit sont malades, parfois même en fin de vie, soit vont très bien mais ont envie de préparer quelque chose à laisser à leurs proches. Nous les aidons à créer un podcast, un livre de recettes, des petites cartes, quoi que ce soit qu'ils souhaitent laisser à leurs proches une fois qu'ils seront décédés.
La musique occupe une place aussi très importante dans votre vie. Il paraît que vos trois enfants, qui sont là d'ailleurs, vous piquent vos t-shirts de rock dans l'armoire. Est-ce qu'ils écoutent la même chose que vous?
Pas vraiment, non. Ils écoutent énormément de musique aussi, parfois trop, ça me fait toujours un peu peur, les écouteurs dans les oreilles toute la journée, mais je suis contente qu'ils écoutent beaucoup de musique. On partage beaucoup de choses, ils m'apprennent énormément de choses, et puis par hasard, tout à coup, ils me disent "Écoute ce nouveau son, c'est absolument génial", et ils me font écouter un truc des années 2000 que je connais très bien, mais qui revient à la mode pour eux. Mais c'est vrai qu'ils n'ont pas suivi cet élan de musiciens, ils ne sont pas musiciens, ou pas encore, ou plus. Ma fille a fait un peu de guitare, ça peut venir plus tard, on verra.
Vous avez fait 10 ans de conservatoire de Fribourg, contrebassiste. Est-ce que vous trouvez le temps de répéter?
Oui, je joue encore dans un groupe. Je n'ai pas fait 10 ans de conservatoire parce qu'on ne m'a pas voulu quand j'avais 9 ans au conservatoire de Fribourg. J'aime bien en reparler parce que c'est vrai qu'on se dit quand même que ces histoires de féminisme, c'est loin. Mais non, le prof disait que les filles ne faisaient pas de contrebasse. Donc j'ai dû aller en privé à Berne, et je suis revenue ensuite avec un nouveau prof, Jean-Yves Petiot, qui était d'ailleurs musicien aux Dicodeurs il y a 30 ans. Maintenant, je répète surtout quand on a des concerts qui arrivent, et puis là, on a un album qui sort avec Jim the Barber d'ici la fin de l'année. Notre troisième album
Autre passion, la cuisine. Là aussi, vous avez envie de vous y remettre un peu?
Je m'y remets tous les soirs en fait avec tous ces enfants qu'il faut que je nourrisse, mais mon ami cuisine aussi très bien. C'est une passion qu'on a de découvrir de nouvelles choses avec les enfants. Là, ils viennent de m'offrir le livre de Snoop Dogg, qui cuisine plein de recettes américaines hyper cool. Donc on cuisine ensemble, ou je cuisine pour eux pour leur faire découvrir de nouvelles saveurs. Ils sont curieux, et je pense que c'est ce qui est important.
Quels sont vos prochains projets?
Mon prochain projet imminent, c'est un bébé pour mai. Vu que je n'avais pas assez d'enfants, je me suis dit autant en faire encore un petit (rires). Et puis faire mon métier, c'est déjà cool. "Good mourning" continue. Je suis bien, je n'ai pas besoin de rajouter mille couches encore.
En devenant animatrice radio, vous dites que vous avez "enfin" un métier...
Oui, cette fois, quand je dis à mes enfants quand ils me demandent ce que je fais, je peux répondre. Parce que pendant longtemps, je devais leur expliquer que je travaillais dans la comm', ça ne veut pas dire grand-chose. J'avais un blog, j'avais un label de musique, j'ai fait mille choses. Par contre, je crois qu'ils ont compris qu'on peut faire mille choses et qu'à la fin, ça fonctionne quand même. Même s'ils sont assez déterminés dans ce qu'ils veulent faire dans leur futur, ils ont aussi vu, et surtout ma fille, ça je suis assez contente, qu'on peut avoir plein d'idées et aller jusqu'au bout. Puis parfois, ça marche, parfois ça ne marche pas, mais on peut arriver à avoir une carrière un peu comme ça, par des chemins de traverse.
Voir l'interview complet: