Sensibiliser les paysagistes pour la biodiversité

Pro Natura a proposé une journée de sensibilisation sur la biodiversité aux paysagistes et jardiniers fribourgeois. Reportage.

Une trentaine de paysagistes ont participé à l'évènement sur les deux jours. © Frapp

Les jardins en milieu urbain peuvent aussi jouer un rôle en faveur de la biodiversité. Dans le cadre de son projet BONJOUR NATURE, Pro Natura souhaite encourager le plus d'habitants à "inviter la nature dans leur jardin". Les propriétaires peuvent contacter l'association au début du printemps pour demander des conseils et même des certifications. Mais pour cela, l'organisation de protection de la nature a aussi besoin de partenaires, en particulier de paysagistes et de jardiniers.

En début de semaine, Pro Natura a donc organisé deux journées pour les sensibiliser et les informer sur les mesures à prendre pour favoriser la nature dans les jardins. Une trentaine de paysagistes ont participé à l'événement sur les deux jours. "Ils sont un élément central de ce projet parce qu'ils sont en contact direct avec les propriétaires", nous explique Stéphanie Chouleur. "Avec les conseils qu'ils donnent aux propriétaires, ils peuvent les motiver à installer des mesures de biodiversité", affirme-t-elle.

Prairies fleuries et microfaune

Après une matinée à l'Université de Fribourg, les journées se sont poursuivies au Schoenberg, où, entre quelques immeubles de la route Joseph-Chaley, une prairie fleurie borde une place de jeux pour enfants. Au milieu des hautes herbes, où volent plusieurs papillons, les intervenants de Pro Natura ont présenté aux paysagistes des structures de biodiversité, comme des tas de bois et de pierres, des troncs — et même une ruche — qui accueillent de nombreux insectes.

"Une partie de ce qui nous a été présenté sont des choses qu'on savait déjà, étant donné notre métier", explique Kevin Morel, fondateur et directeur de Paysages & Jardins Morel. "Mais on a vu beaucoup de choses qu'on peut améliorer et faire en plus, et surtout, ce qu'il faudrait éviter de faire", ajoute le paysagiste en désignant un parterre de cailloux bordant l'un des immeubles comme exemple. "Il faut favoriser les gazons et prairies fleuries, ainsi que d'autres éléments de structures pour les insectes et la microfaune."

Pour lui, il y a aussi du travail à faire au niveau de la sensibilisation auprès de la population. "C'est vrai qu'on veut de la biodiversité, du naturel, mais en même temps, on veut un gazon coupé, on veut Wimbledon", image-t-il. "Il faut arriver à changer un peu cette mentalité et accepter aussi les herbes hautes, les tas de pierres et de branches." L'idée est de dédier une partie de son jardin à la biodiversité, "pas de le mettre sous cloche", ajoute Stéphanie Chouleur, qui précise qu'on peut tout à fait avoir un jardin naturel et utilisable à la fois.

C'est la première fois que l'organisation a mis en place ces journées de sensibilisation. Sur le long terme, elle espère répéter l'opération une fois par an, sous un format plus court, probablement d'une demi-journée, pour créer une dynamique entre les paysagistes et Pro Natura. "L'objectif est aussi finalement de chercher des partenaires pour notre association", détaille Stéphanie Chouleur. "Quand on sera en discussion avec les propriétaires qui veulent mettre en place des mesures de biodiversité dans leur jardin, on pourra les renvoyer vers ces paysagistes." Depuis le lancement du projet BONJOUR NATURE, Pro Natura Fribourg a reçu 75 demandes de conseil de la part de particuliers.

Frapp - Mattia Pillonel
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