Un tatoueur fribourgeois tente l'aventure en solo

Oeuvrant auparavant au salon Noir Tattoo, l'artiste Grim Antihero a ouvert son propre shop en plein centre-ville.

Grim Antihero tatoue depuis plus de sept ans en ville de Fribourg. © Frapp

Les tableaux de ses dessins tapissent les murs. Créatures mythologiques, animaux anthropomorphes et chevaliers en armures se côtoient les uns à côté des autres. Baptisé Nibiru Tattoo Parlor, en hommage à une planète fictive, le salon a ouvert ses portes le 1er octobre 2023. "C’est un shop privé.", explique Grim, "C'est-à-dire que les clients nous contactent directement en ligne, moi ou ma collègue, et lorsqu'ils arrivent, c'est uniquement pour se faire tatouer. Ils peuvent alors prendre le temps de discuter avec nous, apporter des modifications à ce qui est prévu ou faire des pauses si la douleur s’avère trop intense."

En moyenne, le tatoueur de 35 ans accueille une à trois personne par jour. Parmi ses clients, personne ne connait son véritable nom, seulement son pseudonyme. L'artiste dit vouloir conserver son anonymat, garder intact ce personnage qu'il s'est créé au fil des années. "Quand j'étais ado, j'avais les cheveux encore plus longs que maintenant, j'écoutais du Black Metal et je m’habillais tout en noir. A force, mes amis ont commencé à m’appeler Grim, le mot anglais pour dire "sombre". Pour le "Antihero", c’est parce que je jouais dans un groupe où les guitaristes se faisaient appeler "Noise Hero". Moi, je ne voulais pas être un héros."

Un art plus démocratique

Avant d’être devenu indépendant, Grim a dû se former durant trois ans. Ses premiers tatouages, il les a dessinés sous l'œil de celui qu’il appelle son "Sensei": Frédéric Florey, gérant du salon Noir Tattoo. Professionnel depuis une quinzaine d’années maintenant, l’homme a eu l’occasion d’observer de nombreux changements au sein du métier. "Avant, tu devais forcément passer par un apprentissage pour devenir tatoueur. Aujourd’hui, le matériel est devenu beaucoup plus accessible, notre savoir-faire moins secret. Il y a une vraie démocratisation de l’art du tatouage."

Un phénomène qui permet plus facilement l’émergence de nouveaux artistes talentueux mais qui comporte son lot de risques. Dominique Gasser est tatoueuse au salon La Plume Noire, près du quartier du Jura, et il lui est déjà arrivé de devoir rattraper les erreurs de collègues novices. "Je vois régulièrement des clientes, parce que la majorité des personnes qui viennent chez moi sont des femmes, qui me disent qu’elles n’ont pas vraiment pu parler avec leur tatoueur, qu’elles ne se sont pas senties bien accompagnées dans cette démarche et qu’au final elles regrettent ce qu’elles ont sur la peau." Selon elle, il y a tout un aspect "relationnel" que les personnes qui se forment seules n’ont pas pu acquérir.

Tirer son épingle du jeu

Aujourd'hui, on compte plus d’une dizaine de salons de tatouages dans l’agglomération de Fribourg. Face à cette concurrence, Grim peut compter sur son style, populaire et très reconnaissable, mais ne se repose jamais sur ses lauriers pour autant. "Je travaille une dizaine d'heures par jour environ, mais le tatouage n'est qu'une infime partie de mon travail. Je passe énormément de temps à dessiner, à chercher de nouvelles idées, à enrichir ce que je peux proposer aux gens."

Quoi qu'il en soit, Grim peut avoir l'esprit tranquille jusqu’à la fin de l’année au moins car toutes ses réservations sont complètes. Pour l’instant, le succès est au rendez-vous, mais il sait que l'eau sur laquelle il navigue est changeante. "C’est impossible de faire des plans sur la comète au jour d’aujourd’hui, alors je n’en fais pas. J’espère juste pouvoir continuer à tatouer aussi longtemps que possible!"

Frapp - Dimitri Faravel
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