La Tour Invictus, avenir du logement fribourgeois?

Face à la hausse démographique et au mitage du territoire, les tours, comme celle qui se construit à Beaumont, sont-elles la solution?

Haute de 60 mètres, elle accueillera 128 appartements. © Thomann Promotion Immobilière SA

Culminant à 60 mètres de haut, la Tour Invictus sera bientôt le deuxième bâtiment le plus haut du canton, juste après la Cathédrale Saint-Nicolas. Cette imposante construction, qui se situera à l'angle entre la Route de la Glâne et la Route de Champriond dans le quartier de Beaumont, accueillera 128 logements, trois surfaces commerciales et un parking souterrain. Elle devrait être terminée en février 2027.

Thomann Promotion Immobilière SA, le promoteur derrière ce projet, n'en est pas à sa première expérience. L'entreprise vaudoise a récemment construit à Yverdon une tour du même nom de 54 mètres de haut. Claude-Alain Thomann, son directeur, estime que l'architecture verticale est encore trop peu exploitée en Suisse romande. Pour lui, la hauteur permet de sauvegarder les surfaces au sol pour y aménager plus d'espaces verts, notamment dans les centres-villes. "C'est comme ça que l'on peut lutter contre le mitage du terrain", remarque Claude-Alain Thomann.

"Mais les tours ne sont pas encore dans les mœurs des Romands", déplore le promoteur. Pourtant, celle d'Yverdon n'avait pas provoqué d'opposition lors de sa mise à l'enquête. À Fribourg, un fonds immobilier a acquis les trois surfaces commerciales, ainsi que les 56 premiers logements de la construction, qui sont destinés à des habitations pour seniors. Et sur les 48 que commercialise Thomann Promotion Immobilière, presque la moitié sont déjà vendus ou réservés. "Nous sommes très contents de cet engouement", se réjouit Claude-Alain Thomann.

Faire face à la hausse démographique?

Autre argument en faveur de ce type d'habitation: absorber la hausse démographique impressionnante du canton de Fribourg. D'ici à 2050, notre région devrait accueillir 60'000 habitants de plus. "La Suisse fait seulement 41'000 km² et on ne peut pas l'étendre", défend encore Claude-Alain Thomann.

D'ailleurs, la Tour Invictus ne restera pas longtemps la plus haute tour habitable de la région. À Givisiez, le projet de quartier des Taconnets devrait accueillir un impressionnant immeuble de 96 mètres de haut.

Ces constructions deviendront-elles monnaie courante à l'avenir? Elias Moussa, Conseiller communal en charge de l'édilité pour la Ville de Fribourg, relativise. "Il faut trouver le bon équilibre entre la préservation du tissu bâti déjà existant et la possibilité de développer la ville pour absorber l'augmentation démographique. Ces tours sont imposantes et l'on veut éviter d'avoir une tension avec ce qui est déjà construit."

Le plan d'aménagement de la Ville de Fribourg prévoit, en plus de la Tour Invictus, une seule autre zone, celle de la Chassotte, où des habitations de plus de 30 mètres de haut pourraient voir le jour. La commune préfère effectivement se concentrer sur "la transformation de certains secteurs", explique le Conseiller communal. Quant à la question du mitage, Elias Moussa rappelle que le territoire communal est limité, et que la ville n'a pas la possibilité de "placer une grande tour, et faire le vide autour".

"Même en restant sur des constructions qui vont jusqu'à 30 mètres, vous avez déjà beaucoup de potentiel pour densifier", ajoute encore le membre de l'exécutif communal. "Ça ne sert à rien de vouloir construire sans réfléchir de grandes tours." Donc non, Fribourg ne deviendra pas une "mini-Manhattan", conclut Elias Moussa.

Frapp - Mattia Pillonel
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