Transatlantique: "Je dors par tranche de 20 minutes"

A 8 mois de la Mini Transat, une traversée de l'Atlantique en solitaire, le fribourgeois Benoît Alt fait le point sur sa préparation.

Benoît Alt s'entraîne en majeure partie avec le pôle de la Turballe, près de Guérande, en France, avec d'autres navigateurs. © RadioFr.

Des semaines seul en mer, à la merci des caprices de l'océan. A 25 ans, Benoît Alt s'apprête à vivre une folle aventure. Ce Fribourgeois qui a grandi à Lentigny s'est qualifié lors de précédentes courses, plus courtes. Ainsi, il va pouvoir prendre part, au mois de septembre, à la Mini Transat, une traversée de l'Atlantique en deux parties: la première étape, des Sables d'Olonne en France jusqu'aux Canaries et la deuxième étape, des Canaries à la Guadeloupe.

Une course en solitaire, sans assistance, sur un bateau de 6,50 mètres de long, avec peu de technologies autorisées. "C'est sans communication, sans téléphone. On se repère à l'ancienne, avec des cartes et une boussole. On a juste le droit de reporter sa position GPS sur la carte. Pour connaître la météo, on apprend à lire les nuages, à lire le baromètre", explique à RadioFr. Benoît Alt, en toute décontraction.

C'est pourtant un sacré défi que le jeune homme s'apprête à relever dans huit mois, et il s'y prépare. Surtout, depuis la France, près de Guérande. Il a intégré le pôle de course au large de la Turballe, où il est coaché, avec une vingtaine d'autres marins, dont un autre Suisse.

Exercices de visualisation

Il se prépare physiquement, d'abord. Car pour participer à cette course, il faut être endurant. "Nous devons arriver à porter notre poids. On a des entrainements à terre, on fait du renforcement musculaire, des abdos, des pompes par exemple."

Préparation mentale, aussi. Avec une coach mentale, il réalise ainsi différents exercices, notamment de visualisation de différents évènements et scénarios, afin de pouvoir anticiper, d'être prêt et réactif le jour J. Et ce, malgré la fatigue qui se sera accumulée.

Une fatigue qu'il faudra arriver à dompter: en mer évidemment, pas de nuit complète pour Benoît Alt. Loin de là. "On s'entraîne à faire de l'auto-hypnose pour pouvoir arriver à dormir par tranche de 20 minutes." Il y parvient désormais. Parvient à s'endormir sur commande.

Et côté nourriture, comment cela va-t-il se passer? Le Fribourgeois emportera des aliments frais pour les premiers jours. Ensuite, il passera à de la nourriture lyophilisée. "Sur le bateau, il n'y a pas de toilettes, pas de cuisine. Alors on fait comme au camping, on fait chauffer de l'eau, que l'on verse sur les sachets de nourriture lyophilisée."

Pour ces repas, il n'y a pas vraiment d'horaire. "On le fait quand on le peut. Impossible de manger dans les tempêtes ou les moments délicats", précise le navigateur. Lui sait qu'il devra parfois se forcer, il a tendance à perdre l'appétit et à "oublier de manger".

CFC de constructeur naval

Justement, en cas de mauvais temps, c'est l'expérience accumulée jusqu'ici qui aidera Benoît Alt à faire face, à savoir comment réagir si la houle est forte ou si une tempête survient. "Une fois, lors d'une course qualificative, en solitaire, un aller-retour en Irlande, la mer était démontée, il y avait beaucoup de vent. C'est vite impressionnant de se retrouver seul, sur un petit bateau d'un peu plus de 6 mètres de long! On a peur de casser du matériel. Mais avec les différentes sorties, on est davantage rôdé!"

A lui, la casse ne lui fait pas spécialement peur: Benoît Alt, titulaire d'un CFC de constructeur naval, a travaillé pendant dix ans sur un chantier naval à Estavayer. Résultat: il sait tout rénover, réparer, entretenir. Un bagage technique qui lui sera sacrément utile pendant la Mini Transat.

Croire en ses rêves

Et à huit mois du départ, comment se sent-il? "Il y a forcément un peu d'appréhension, car c'est un projet que j'ai lancé il y a deux ans, alors cela se rapproche, cela fait bizarre, mais je me réjouis aussi!"

Son but: terminer dans le premiers tiers de la flotte, pour "se faire repérer" et en faire son métier. Devenir navigateur. Pour l'instant, les sponsors financent sa préparation, mais ne lui permettent pas de dégager de salaire. Pour augmenter sa visibilité, Benoît Alt a aussi créé son association, qui l'aide dans différentes tâches administratives, logistiques et sportives.

En attendant le départ, quand Benoît Alt se rend en Suisse pour voir sa famille notamment, il aime se rendre dans les CO pour parler de son parcours. Et veut faire passer ce message aux plus jeunes: "Il faut oser croire en ses rêves!"

RadioFr. - Maëlle Robert
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