Un supermarché de plus en centre-ville

Le discounter allemand Lidl a ouvert une succursale récemment au coeur de Fribourg. Le supermarché de trop?

Microtrottoir: si l'offre se diversifie toujours plus en centre-ville avec l'arrivée du géant jaune et bleu, les consommateurs n'y voient pas forcément une vraie plus-value. © Frapp

Dans un secteur déjà quasi saturé de supermarchés en tous genres, depuis une dizaine de jours, une grande enseigne, Lidl, est venue s'implanter au bas du bâtiment de la Poste à Tivoli, au centre-ville. D'ordinaire plutôt présente dans la périphérie des villes, la société d'origine allemande a pu susciter l'étonnement chez certains avec cette dernière ouverture.

"Ça démontre que la périphérie de la gare reste attractive", estime David Krienbühl, secrétaire général de l'Association fribourgeoise du commerce, de l'artisanat et des services (AFCAS). "C'est un élément positif à ce titre-là."

Ce qu'il y a d'intéressant avec l'arrivée d'un nouvel acteur sur le site du centre-ville, c'est la complémentarité de l'offre.

D'après le conseiller général, tout le monde peut y gagner, autant les clients, que les petits commerçants ou bien sûr Lidl. "Ce qu'il y a d'intéressant avec l'arrivée d'un nouvel acteur sur le site du centre-ville, c'est la complémentarité de l'offre. L'expérience des clients est globale, il faut avoir un mix le plus large possible. Et puis, le monde amène le monde: la vitalité commerciale du centre-ville contribue à son attractivité."

Stratégie d'expansion

Interrogé sur le sujet, Lidl a mentionné cette approche comme une part de sa stratégie d'expansion. "Nous avons pour objectif de nous rapprocher davantage de nos clientes et clients. C’est pourquoi nous misons de plus en plus sur des emplacements dans des quartiers de ville ou des gares à haute fréquentation."

Aussi Lidl a-t-il adapté son assortiment avec son arrivée à Tivoli. "Par exemple, dans les sites fréquentés par de nombreux pendulaires, nous proposons une offre de produits à emporter légèrement plus large."

Vient alors la question de la plus-value: qu'est-ce que ce nouveau magasin a à proposer de plus que les nombreux autres autour de lui? "Nous nous sommes fixés pour objectif de permettre à toutes les classes de population et chaque portemonnaie d’effectuer des achats durables", répond l'enseigne, dans le même sens que le secrétaire général de l'AFCAS.

"On en a suffisamment"

Pourtant, il suffit de se balader entre la gare et la place Georges-Python pour trouver d'autres supermarchés visant la même clientèle que celle de Lidl. "C'est vrai qu'il y a une certaine similitude au niveau de la gamme des produits de ces différentes enseignes", relativise Félicien Frossard, secrétaire général de l'Agglomération de Fribourg. "Mais cela apporte une certaine variété, et c'est au consommateur de décider ce qu'il trouve intéressant dans chacune de ces enseignes."

Je préfèrerais privilégier les petits commerçants, mais j'ai des problèmes de budget... Donc je n'ai pas vraiment le choix d'entrer dans ce système.

Du côté des premiers concernés, un avis assez unanime se dégage face au nouvel arrivant. "Ce n'est pas nécessaire, parce qu'on en a suffisamment", glisse une passante. Et un autre de renchérir: "Un nouveau supermarché au centre-ville, je pense que c'est vraiment un peu bête. Mais bon, ça peut créer quelques emplois..."

L'argument de la diversité de l'offre fait également mouche auprès des consommateurs fribourgeois. "D'avoir un ou deux supermarchés, ça suffirait parfaitement. Mais d'en avoir plus, ça permet de proposer des gammes de prix et de produits différentes." Pour autant, il faut prendre un peu de recul: "Je préfèrerais privilégier les petits commerçants, mais j'ai des problèmes de budget... Donc je n'ai pas vraiment le choix d'entrer dans ce système."

Frapp - Rémi Alt / Laura Kolly, Adrien Scolari
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