Épicerie en vrac: une cagnotte pour sauver le business

Le vrac n'a plus la cote et l'épicerie Chana est en difficulté. Sa patronne appelle à la générosité, mais elle sait que ça ne suffira pas.

Un artisan local a réalisé le "mur de vrac". Joëlle peut remplir les bocaux sans se casser le dos. © Radio Fr.

Joëlle Schneiter Avocegamou a du bagout et le sourire communicatif. Des qualités essentielles quand on dirige un commerce de proximité. Mais ça ne suffit pas. Chana, son épicerie de vrac à Granges-Paccot, est en difficulté. La clientèle a diminué d'environ 20 à 30% depuis 2023. Alors que les charges, elles, demeurent inchangées: le loyer, le salaire de son apprentie Freweini (qu'elle tient à former jusqu'au bout), les factures de ses fournisseurs, ses charges de mère de famille et le loyer de son local d'environ 200 m²!

Joëlle a vu grand. Elle voulait un espace dans lequel les mamans à poussettes et les personnes en chaise roulante circulent sans entrave. Elle a aussi aménagé une pièce avec des jeux pour les enfants et un coin pour allaiter ou changer les bébés. Et bien sûr, elle a prévu de la place pour tous ses produits: de l'alimentaire aux cosmétiques, en passant par les articles ménagers, des objets artisanaux et même des sacs en vieux top recyclés.

Le vrac n'est pas forcément plus cher

Le concept a séduit, en tout cas dans un premier temps quand le covid a bousculé notre routine et nous a poussé dans les petits commerces. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Les consommateurs ont retrouvé le chemin des grandes surfaces et l'œil sur les prix les plus bas.

"Le vrac n'est pas forcément plus cher", martèle Joëlle. En citant l'exemple des pâtes, dont le prix au kilo est plus que raisonnable. "Et puis, elles sont à base de farines moins raffinées, plus rassasiantes. On en mange donc moins", précise-t-elle.

Une cagnotte pour commencer

Pas question toutefois de baisser les bras. Son rêve d'un lieu à la fois convivial, familial avec du local en bocal, l'ancienne agente immobilière y croit toujours. Pour parer au plus pressé, elle a lancé une cagnotte voici quelques semaines et réuni plus de 24'000 francs. De quoi payer les factures urgentes. 

Mais sur le moyen et long terme, il faudra trouver d'autres solutions. "Je ne remets pas ça dans 6 mois, mon cœur ne tiendrait pas". L'épicière est actuellement en discussion pour sous-louer en partie son local. De quoi diminuer ses charges et envisager l'avenir plus sereinement.

RadioFr. - Sarah Camporini
...