Bénichon: une ferme en ville de Fribourg

Une exploitation agricole miniature a occupé les Grand-Places ce week-end, avec l'ambition de renouer le lien entre ville et campagne.

© Frapp
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Au pied du colosse de béton qu'est le théâtre Equilibre, au centre-ville fribourgeois, est parqué un gros tracteur bleu accouplé à une pirouette, engin qui sert à retourner le foin pour le sécher. L'image est insolite et pourrait donner envie d'en faire une opposition: la campagne contre la ville.

Mais c'est une manifestation en forme de trait d'union qui s'est déroulée ce week-end aux Grand-Places, dans le cadre de la "Bénichon en ville": une ferme installée entre le théâtre Equilibre et la fontaine à Tinguely, avec plusieurs stands et des animaux de la ferme, dans l'idée de donner aux citadins un aperçu des activités d'une exploitation agricole.

On espère que notre action peut aider les gens à prendre conscience que notre agriculture suisse est durable et respectueuse de l'environnement et des animaux.

"On voit qu'une déconnexion est en train de se créer entre la campagne et la ville", nous dit Robin Philipona, président des jeunes agriculteurs fribourgeois et lié à l'organisation de la manifestation. "Pour nous, c'est important de renouer ce lien. On espère que notre action peut aider les gens à prendre conscience que notre agriculture suisse est durable et respectueuse de l'environnement et des animaux."

Ce sont surtout des familles avec enfants en bas âge qui défilent à la ferme ce dimanche midi, s'arrêtant parfois au stand d'apiculture ou se servant au passage d'une pomme de la région. Mais les stars ici, ce sont les animaux de la ferme: une vache et son veau, des porcelets, des chèvres, un âne, des poules, un poney et des lapins. "Les enfants sont intrigués par la vache. Ils essaient de la caresser, mais selon son humeur, elle n'est pas toujours d'accord", s'amuse Robin Philipona.

De l'animal au steak

Caresser des animaux par un beau dimanche de septembre, c'est une chose, mais de là à comprendre que c'est de là que vient leur steak haché ou leur cuisse de poulet? La question laisse Maëlle, 6 ans, sans voix. Une question d'âge pour Robin Philipona: "Les petits ne se rendent pas compte, les plus grands si". Et de pointer vers les panneaux explicatifs installés sur la ferme. 

Car cette conscience, c'est aussi une question d'éducation. Eloïse, de Rossens, mère de quatre enfants et attentive à la provenance des aliments, nous répond que "chez nous, les enfants sont TRES conscients que les animaux finissent quelquefois dans leur assiette. On élève des poulets et on a appris à nos enfants qu'ils allaient un jour... les manger!".

Célébrer la terre nourricière

D'ailleurs en parlant de manger, ses enfants savent-ils ce qui se cache derrière la fête de la Bénichon? Perchée avec ses trois frères et sœurs sur une traditionnelle balançoire de Bénichon, Juliette pense savoir: "Quelque chose avec Dieu... ou Jésus... il s'est passé un truc et maintenant on mange de la cuchaule, du jambon, des petits bricelets et de la moutarde de Bénichon."

Robin Philipona apporte un éclairage: "Dans les régions de plaine, on célèbre la fin des récoltes le deuxième week-end de septembre, alors que dans le district de la Gruyère et les zones alpestres, c'est le retour des troupeaux dans la plaine qu'on fête, le deuxième week-end d'octobre."

La Bénichon, star de la Semaine du goût à Fribourg

Un seul nom pour différentes traditions, mais qui mettent toutes la terre nourricière à l'honneur. Et qui, selon le président des jeunes agriculteurs fribourgeois, n'ont rien perdu de leur sens:  "Même si on a pris l'habitude de manger de la viande tous les jours, l'aspect festif et familial a quand même une signification dans le canton de Fribourg. La Bénichon, c'est un moment qui réunit les familles."

Frapp - Catherine Rüttimann
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