De Fribourg à Accra: le fabuleux destin des vélos ventouses

Chaque année, Velafrica offre une seconde vie en Afrique à environ 2000 vélos fribourgeois qui squattent l'espace public.

Un vieux vélo récupéré par l'organisation Velafrica. © KEYSTONE

Ils sont rouillés, ont les pneus dégonflés, n’ont parfois plus de selles ou de pédales. Personne ne voudrait rouler avec des engins pareils et pourtant. 

Depuis 1993, l'organisation Velafrica donne une seconde vie aux vélos abandonnées, à ces vélos qui traînent dans les rues des villes suisses et fribourgeoises. Dans le milieu, on les appelle les vélos ventouses. 

Du plateau de Pérolles au centre-ville d'Accra

Avant de pouvoir être envoyés vers la Tanzanie, le Burkina Faso, Madagascar, la Gambie, la Côte d'Ivoire ou encore le Ghana, ces vélos doivent subir une cure de jouvence. 

Comment cela se passe? Quand un vélo est ramassé par la police, il est d’abord stocké pendant une année à la fourrière. Passé ce délai, si personne ne vient le réclamer, il devient propriété publique.

C’est alors que le VAM entre en jeu. Le VAM, soit l'association pour des mesures actives sur le marché du travail, est une institution qui emploie des personnes au chômage ou avec des problèmes de santé. 

Dans ses ateliers de Bulle et de Guin, des centaines de vélos sont remis en état chaque année par des demandeurs d’emploi. Depuis cinq ans, ils sont aussi réparés par les détenus de la prison de Bellechasse. Velafrica collabore en tout avec onze prisons en Suisse et une dizaine de communes du canton de Fribourg: la ville de Fibourg, Bulle, Romont, Attalens, Mézières ou encore notamment Cormondes. L'organisation possède également des points de collectes fixes, comme les guichets des bagages CFF à Fribourg, Guin, Morat et Anet.

Chaque année, Velafrica collecte entre 40'000 et 45'000 vélos en Suisse et en expédie 25'000 en Afrique. Un chiffre stable ces dernières années.

Ces vélos sont vendus à petits prix explique Michelle Harnisch, responsable de réseau pour Velafrica : "Cela permet de couvrir les frais de base. De cette façon, nous voulons promouvoir un développement social, écologique et économique durable. Les dons ne permettent pas de créer des circuits de vélo durables. Dès qu’ils cessent, ces circuits s’effondrent."

Aussi les épaves

Les vélos en mauvais intéressent aussi Velafrica. "Ils sont désossés pour récupérer les pièces détachées. Celles-ci sont utilisées pour réparer les vélos ou elles sont exportées vers nos partenaires du Sud qui les utilisent à leur tour pour la réparation", détaille Michelle Harnisch.  Il faut environ 1,5 vélo pour réparer 1 vélo. 

Le nombre de vélos ventouses récupérés chaque année reste globalement stable dans les communes fribourgeoises: une vingtaine à Bulle, plus de 100 à Fribourg, 3 à Romont, ou encore 37 à Estavayer.

Si vous voulez faire un don, vous pouvez déposer votre vélo dans un des 300 points de collectes de Velafrica en Suisse: velafrica.ch. Velafrica accepte aussi les vélos électriques. 

RadioFr. - Vincent Dousse
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