Vers un accès gratuit aux protections hygiéniques?

Deux députés socialistes, Anne Favre-Morand et Martine Fagherazzi, demandent au gouvernement fribourgeois d'y réfléchir.

L'achat de protections menstruelles en Suisse coûterait entre 3.000 et 4.500 francs dans toute la vie d'une femme en Suisse. © KEYSTONE

Le canton de Fribourg devrait-il mettre à disposition des protections hygiéniques dans les écoles, les piscines ou encore les hôpitaux et les administrations?

C'est en tout cas la volonté de deux députées socialistes du Grand Conseil, Anne Favre-Morand et Martine Fagherazzi, qui viennent de déposer un postulat. Le texte demande au gouvernement fribourgeois d'étudier la possibilité de mettre cette mesure en place, et d'inciter les communes à faire de même. Le gouvernement fribourgeois a cinq mois pour répondre.

Pour Anne Favre-Morand, cette demande était une évidence: "J'ai été très étonnée de voir que la demande n'ait jamais été faite au Grand Conseil fribourgeois, alors que c'est déjà le cas dans les cantons voisins, Vaud, Genève ou Berne."

Précarité menstruelle

Selon la députée, également enseignante à Riaz, la mesure est nécessaire, pour plusieurs raisons : "Bien que je m'occupe d'une classe de 7-8H, il m'arrive assez souvent de dépanner des élèves qui n'ont pas encore l'habitude d'avoir tout ce qu'il faut sur le moment." Sans parler du coût des serviettes, tampons ou cups. L'achat de protections menstruelles en Suisse coûterait entre 3.000 et 4.500 francs dans toute la vie d'une femme en Suisse.

Anne Favre-Morand souligne que c'est aussi une question de santé publique. "Les chiffres montrent qu'un certain nombre de jeunes femmes souffrent de précarité menstruelle et n'ont pas les moyens de s'acheter des protections hygiéniques pendant leurs règles." Une situation qui peut avoir des conséquences graves sur leur santé. "L'exemple le plus marquant est le risque accru de choc toxique si les femmes portent un tampon hygiénique trop longtemps".

L'élue reconnnaît que les personnes en difficulté peuvent déjà aller se procurer gratuitement des protections hygiéniques dans des centres d'accueil ou auprès d'associations. Mais certaines femmes n'osent pas franchir ce pas, dissuadées par un sentiment de honte ou de culpabilité. "Le fait d'avoir des protections à disposition serait bénéfique pour ces femmes", poursuit Anne Favre-Morand.

Libération de la parole

Longtemps taboue, cette question l'est toutefois de moins en moins. Et de plus en plus débattue. Au niveau national, la conseillère nationale vaudoise Léonore Porchet, également présidente de Santé Sexuelle Suisse, vient de déposer un postulat qui demande aussi de garantir un accès gratuit aux protections hygiéniques aux personnes dans le besoin.


"Et puis le débat autour de la baisse de la TVA sur les tampons et les serviettes a sans doute participé à faciliter la communication autour de ce thème", estime aussi Anne Favre-Morand. Le Conseil national avait ainsi adopté au mois de mars 2019 une motion pour faire passer de 7,7% à 2,5% la TVA sur les protections hygiéniques.

Par ailleurs, les choses bougent aussi dans d'autres pays : au mois de novembre, le parlement écossais par exemple a voté la gratuité des produits menstruels pour les femmes dans le besoin. Une première mondiale.

RadioFr. - Maëlle Robert / sc
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